Cibler les jeunes Québécois pour sensibiliser au don d’organes

Audrey Sanikopoulos | Agence QMI
Un organisme qui sensibilise les jeunes Québécois et leurs familles sur l’importance du don d’organes croit qu’il vaut mieux les éduquer afin d’encourager les discussions autour de cette cause encore peu abordée au Québec.
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«Les grands changements passent par l’éducation et la jeunesse», a lancé d’entrée de jeu Lucie Dumont, présidente et fondatrice de Chaîne de vie, en entrevue avec l’Agence QMI.

Cette ex-enseignante en anglais a décidé d’ouvrir le dialogue sur le don d’organes en créant un programme basé sur l’apprentissage de l’anglais et offert dans plusieurs écoles secondaires de la province.
Fondée en 2007, Chaîne de vie met ainsi en lumière les différents maillons de la chaîne du don et de la greffe, allant du donneur au receveur, sans oublier les équipes médicales et le rôle de la famille des donneurs.
Selon Mme Dumont, faire entrer cette discussion dans un contexte scolaire permet de mieux outiller les jeunes de 15 à 17 ans et leur famille au don.
«Il faut aider les familles de donneurs à prendre la meilleure décision au moment le plus tragique de leur vie. Lorsque la discussion a eu lieu, 98 % des familles vont dire oui», a-t-elle indiqué.

Ce programme, qui suscite beaucoup d’intérêt dans le reste du Canada et même en France, a déjà fait ses preuves. Une jeune étudiante qui avait suivi les cours avait ainsi réussi à convaincre ses parents de l’importance du don.
«Malheureusement, deux semaines plus tard, elle est décédée dans un accident. Elle a sauvé quatre vies, et si elle n’avait pas suivi Chaîne de vie, il n’y aurait pas eu de dons», a raconté Mme Dumont.
La fondatrice espère voir un jour une loi qui appuiera un programme d’éducation en milieu scolaire, qui serait, d’après elle, plus efficace que de modifier les lois concernant le consentement au don d’organes.
«Le consentement éclairé demande le temps que la société éduque sa population pour prendre cette décision», a-t-elle soutenu.
La chance d’une seconde vie
Thierry Houillon connaît bien l’importance du don d’organes. Atteint d’un cancer du foie de stade 4 inopérable, la greffe de foie qu’il a reçu en 2013 lui a sauvé la vie.
«Ça nous a vraiment sauté au visage l’importance du don d’organes, parce que dans le cas de mon conjoint, c’était ça ou les soins palliatifs», a relaté sa conjointe, l’animatrice et productrice Isabelle Maréchal.

Parrain et marraine de Chaîne de vie, ils ont été séduits par l’idée de transmettre ce message par les jeunes et espèrent porter la cause encore plus loin.
«En donnant l’organe de leur proche, [les familles] reçoivent plein d’espoir de vie. Ça ne masquera pas toute la souffrance, mais c’est un baume sur la douleur», a illustré M. Houillon.
Gravir des montagnes pour le don d’organes
Plusieurs donneurs vivants, des familles de donneurs, des receveurs et des médecins vont gravir simultanément 16 montagnes au Québec et sept autres aux États-Unis, en France et au Népal cette fin de semaine dans le cadre de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe.
Il est possible de faire un don pour les encourager sur le site chainedevie.org.
Les chiffres du don d’organes au Québec
- Seulement 1,4 % de la population peut devenir un donneur potentiel
- Sur 724 donneurs potentiels, seuls 144 Québécois ont fait un don en 2021
- En 2021, 409 personnes ont été transplantées au Québec
- Au Québec, 75 personnes ont fait un don vivant en 2021