Chute Montmorency: la passerelle semi-submersible n’est toujours pas prête six ans après son annonce
La Sépaq étudie ses «options» car le concept «nécessite des ajustements»

Dominique Lelièvre
Annoncée en grande pompe il y a six ans, la passerelle semi-submersible de la chute Montmorency continue de se faire attendre. L’attraction n’est toujours pas accessible au public car le concept «nécessite des ajustements», a appris Le Journal.
En réponse à nos questions il y a quelques jours, la Sépaq, qui gère le site, a évité de dire si l’infrastructure pourra être inaugurée cet été, comme c’était son souhait exprimé l’année dernière.

«Des tests ont été réalisés sur la rivière l’an dernier qui nous ont permis de constater que le concept tel que développé nécessite des ajustements pour en faciliter l’opérationnalisation (installation et désinstallation)», a expliqué le responsable des relations avec les médias, Simon Boivin.
«Nous étudions présentement les options envisageables», a-t-il ajouté.

Des photos prises par Le Journal démontrent que l’ouvrage en acier repose actuellement sur la partie ouest du terrain et que de légères taches de rouille sont apparentes.
Coulée l’an dernier
Rappelons qu’en juillet dernier, les deux sections de la plateforme, alors en phase de tests, ont été entraînées vers le fond de la rivière par un épisode de fortes pluies.

La société d’État avait expliqué que la structure est conçue pour supporter ce genre d’événement et être ramenée à la surface. Il n’y avait pas de dommages préoccupants à première vue.
Un avis d’intention d’adjuger un contrat pour les déplacements et la mise en place de la passerelle flottante durant l’année 2023 a ensuite été «annulé» le 14 août.
«Unique au monde»
La livraison de la passerelle, qualifiée d’«unique au monde» au moment de son annonce en 2018 par la Sépaq et des ministres du gouvernement Couillard, était promise pour 2021, mais sa mise en service a été repoussée plus d’une fois depuis.
Elle est censée permettre aux visiteurs de se rapprocher «comme jamais» de la célèbre chute d’eau, au pied de celle-ci.

La société d’État a précisé qu’aucune entrevue ne sera accordée pour le moment et n’a offert aucune mise à jour sur le budget du projet.
«La Sépaq est consciente de l’intérêt suscité par le projet et tiendra la population au courant de l’évolution du dossier», a soutenu le porte-parole Simon Boivin.
1,4 M$ de plus
En octobre 2021, un contrat pour la fabrication et la mise en place de la passerelle avait été conclu pour 12,7 millions $ avec l’entreprise québécoise Construction Polaris CMM.
En mars dernier, le contrat a été modifié en raison de dépenses supplémentaires totalisant 1,4 million $, entre autres pour «divers ajustements à la passerelle afin d’améliorer son assemblage, son étanchéité et son opération», selon le système électronique d'appel d'offres du gouvernement.
Les premières estimations tirées d’un document préliminaire, dévoilées dans nos pages en 2018, évoquaient un montant bien inférieur de 4 millions $.
En 2021, la Sépaq a assuré que «ça ne coûtera pas 1 $ de plus que prévu aux contribuables» malgré l'explosion des coûts de son projet Expérience-Chute, comprenant la passerelle et trois autres aménagements, puisque l'enveloppe globale de 48 millions $ à sa disposition pour la bonification du parc serait respectée.
La saga en dates
- 17 avril 2018: la Sépaq et le gouvernement annoncent un investissement de 14,8 M$ pour une «expérience unique au monde» au parc de la Chute-Montmorency dont la pierre angulaire est une passerelle semi-submersible.
- 12 juillet 2019: une nouvelle somme de 33,6 millions $ est confirmée pour la mise en valeur des lieux, portant l'investissement du gouvernement à 48,4 millions $.
- 6 octobre 2021: un contrat de 12,7 millions $ est conclu avec Construction Polaris CMM pour la fabrication et la mise en place d’une passerelle flottante semi-immergée.
- 16 octobre 2021: Le Journal rapporte que les coûts du volet Expérience-Chute, qui comprend la passerelle et trois autres aménagements, ont doublé, passant de 15 à 30 millions $.
- 10 et 11 juillet 2023: la passerelle est inondée par un épisode de pluie intense, mais l’évaluation préliminaire ne révèle aucun dommage à la structure. La direction «souhaite» rendre l’ouvrage accessible au public «dès l’été prochain».
- 23 mai 2024: la Sépaq indique que le concept «nécessite des ajustements pour en faciliter l’opérationnalisation».
Sources: Archives Le Journal, SEAO et Sépaq
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