Churchill Falls: Legault pourrait offrir des compensations financières
Les négociations avec Terre-Neuve seront corsées, prévient le premier ministre


Nicolas Lachance
François Legault sera à Saint John demain et vendredi afin d’entamer des négociations pour le renouvellement du contrat hydroélectrique de Churchill Falls.
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Le contrat avec Terre-Neuve-Labrador se termine en 2041. La province des Maritimes se plaint depuis des années de cette entente défavorable pour elle financièrement.
Pour la première fois, François Legault s’est dit prêt à offrir une compensation financière à Terre-Neuve, avant la fin de la présente entente.
«Est-ce qu’il y a des aménagements possibles? Il faut que ce soit gagnant-gagnant. Ça va dépendre du prix qu’ils nous offrent à partir de 2041. S’il nous offre un prix très avantageux à partir de 2041... Est-ce qu’on est prêt à verser des montants avant 2041? Ça va faire partie de ce qui va être demandé», a-t-il déclaré.
«Probablement que Andrew Fury (...) va faire toutes sortes de demandes. On va l’écouter pour voir ce qui est prioritaire pour lui. L’idée c’est d’essayer le plus vite possible de renégocier le contrat après 2041.»
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Négociations difficiles
François Legault souhaite une entente «gagnant-gagnant» avec son homologue Andrew Furey, indiquant que les négociations seront longues et «difficiles».
«Ça ne sera pas facile les négociations. On sait que le Québec a un contrat très avantageux jusqu’en 2041», a-t-il souligné.
En raison de cette vieille entente signée en 1969, le Québec achète au rabais l’hydroélectricité provenant de Churchill Falls. Il paie 0,25 cent du kilowattheure sans aucune possibilité d’indexation. Les tribunaux ont d’ailleurs tranché en faveur de Québec, à la suite d’un long recours de Terre-Neuve pour forcer la réouverture de l’entente. En comparaison, Hydro-Québec vendra son énergie 9,75 cents US du kW/h à New York, avant d’être indexée.
M. Legault estime que le Québec a encore la capacité d’exporter son hydroélectricité.
«On a différents projets au Québec, on travaille avec Hydro-Québec pour voir quelle est la capacité qu’on est capable d’ajouter chez Hydro-Québec. Mais, il faut aussi savoir ce qui s’en vient du côté de Churchill Falls et peut-être même de Gull Island.»
Nouveaux barrages
Le ministre de l’Énergie a ajouté en anglais que Terre-Neuve avait d’ailleurs besoin du Québec et que le Québec a besoin de Terre-Neuve.
Or, la conclusion de cette négociation pour Churchill Falls pourrait déterminer l’avenir du développement des barrages hydroélectriques au Québec.
«Ça peut avoir l’air loin, 2041», a relaté le premier ministre. «Mais construire un barrage, si on inclut les discussions et les négociations avec les communautés autochtones, ç’a toujours pris entre 12 et 15 ans. Faites un petit calcul, on se rapproche des 15 ans», a indiqué le premier ministre.
Territoire non cédé
Le péquiste Pascal Bérubé a quant à lui affirmé qu’il était «humiliant de négocier sur un territoire qui nous appartient.»
«En voici un territoire non cédé au Québec, là, en ce qui me concerne», a-t-il pesté.
«Si je ne me trompe pas, que, dans les positions diplomatiques du gouvernement du Québec, il y a toujours un refus de reconnaître le territoire du Labrador comme étant cédé à Terre-Neuve.»
Selon lui, Québec devrait faire «carrément une offre» pour gérer les ressources hydroélectriques à Terre-Neuve.
Se méfier
Le chef par intérim de l’opposition officielle estime qu’il est possible de signer une entente satisfaisante pour les deux partis. Il doute toutefois des capacités de négociateur de François Legault.
«Il faut se méfier, quand François Legault prend le bâton du pèlerin puis qu'il dit : je m'en vais négocier ça puis je vais revenir. On a vu ce que ça a donné dans les transferts en santé, alors il faut toujours relativiser quant aux ambitions de François Legault», a-t-il affirmé.
Le chef parlementaire de Québec solidaire indique de son côté que le Québec a absolument besoin de Churchill Falls pour compléter sa transition énergétique.
«Pour accomplir la transition énergétique, on a besoin de plus d'électricité au Québec, et Churchill Falls, c'est un approvisionnement important. Donc, ce serait un recul que de perdre cet apport énergétique là. C'est pour ça qu'on s'attend à une entente qui soit satisfaisante pour les Québécois, les Québécoises», a signalé Gabriel Nadeau-Dubois.
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