Churchill, Carney et la démocratie


Mathieu Bock-Côté
Churchill disait (notamment) deux choses de la démocratie.
La première était qu’il s’agissait du pire système politique à l’exception de tous les autres.
La seconde était qu’une conversation de cinq minutes avec l’électeur ordinaire était le meilleur argument contre la démocratie.
Ces deux réflexions me reviennent à l’esprit au terme de cette campagne.
Peuple
D’un côté, parce que Churchill a raison: c’est au peuple de décider de son destin et non pas à ceux qui voudraient le mettre en tutelle. Vive les élections et le bon sens populaire (et méfions-nous du gouvernement des juges)!
De l’autre côté, parce que Churchill a raison: la conversion massive de l’électorat au candidat Carney témoigne d’une certaine légèreté d’une partie de la population devenue la cible de stratèges en communication imposant une propagande grossière.
La remontée exceptionnelle du PLC autour d’un candidat beige sorti de nulle part relativisera pour un bon moment l’idée d’un électorat en toutes circonstances éclairé.
La manipulation autour du thème de l’annexion et du 51e État par le PLC sera un jour enseignée dans les cours de science politique, version Machiavel.
Cela dit, les autres partis ne se sont pas distingués par leur grande efficacité.
Le Parti conservateur du Canada avait l’air d’un orignal paralysé par les phares du camion allant le renverser.
Je laisse de côté le NPD, qui nous a rappelé son insignifiance fondamentale.
Reste le cas du Bloc, victime de la transformation de l’élection en référendum sur Trump.
Manipulation
Il n’en demeure pas moins qu’il a mené une étrange campagne en jouant au parti canadien comme les autres. L’exemple du jour: le désir affiché par son chef de collaborer avec Mark Carney, presque sous le signe de la camaraderie parlementaire.
A-t-il oublié qu’il veut l’indépendance, ce qui implique de faire le procès du régime canadien?
À trop amidonner son col de chemise, on finit par s’étouffer, électoralement parlant.