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L'article provient de TVA Nouvelles
Sports

CHRONIQUE: Hulk Hogan, mon héros imparfait

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Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2025-07-25T16:46:05Z
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C’est assez facile de savoir quand un athlète a réellement transcendé son sport, comme Hulk Hogan l’a fait.

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Ce personnage plus grand que nature est décédé jeudi et depuis, plusieurs en parlent, avec raison, comme l’un des plus grands, sinon le plus grand nom, dans l’histoire de la lutte professionnelle.

C’est bien beau, mais Hulk Hogan, c’est un nom qui va bien plus loin que la lutte. Il est l’un des athlètes les plus mythiques, point final. Faites le test vous-même.

Prenez une photo du «Hulkster» et montrez-la à votre bonne vieille tante Jeannine. Prenez cette même photo et présentez-la à votre jeune neveu, Kevin-Antoine St-Pierre-Asselin. Ou encore, à l’ami camerounais que vous avez rencontré durant vos années de cégep, lors d’un voyage enfumé au Liechtenstein.

Tous les trois, sans que vous ayez à donner le moindre indice, vous diront qu’il s’agit de Hulk Hogan, j’en suis convaincu.

Vous pouvez vous en moquer et vous dire que Hogan n’a rien de sérieux. Qu’il n’a été qu’une icône pour un sport qui n’en est pas véritablement un puisqu’il est chorégraphié.

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Libre à vous de juger, mais pour vrai, essayez de nommer 10 athlètes, tous sports confondus, qui ont été autant adulés que Hogan partout dans le monde.

Un véritable phénomène

Au sommet de sa gloire, ce bonhomme sculpté dans le roc a trimballé son bandana, ses bottes et ses bobettes jaunes aux quatre coins de la planète.

Il faut savoir que lorsqu’il s’est joint à la WWF en 1983, la lutte était une affaire de petits territoires. Il y avait des fédérations régionales en Géorgie, en Floride, dans l’Ouest américain, à Memphis, dans le Midwest, à Calgary, à Montréal...

Vince McMahon fils, dans son objectif machiavélique de s’imposer comme l’empereur des empereurs du monde de la lutte, a compris qu’il devait transformer sa promotion en produit national, puis international, en bouffant tous les autres groupes.

C’était impensable à l’époque, mais c’est avec le charisme addictif de Hogan qu’il y est parvenu.

Photo AFP
Photo AFP

En 1985, le promoteur et redoutable homme d’affaires lançait le gala WrestleMania, avec Hogan en finale, accompagné du célèbre «Mr. T». Soudainement, des vedettes de la culture populaire, comme la chanteuse Cyndi Lauper, s’associaient à la lutte. On ne se cachait plus pour assister à ce vaudeville, ça devenait glamour.

Deux ans plus tard, pour WrestleMania 3, Hogan renversait «André the Giant» devant 93 000 personnes, à Détroit. Les érudits remettent en doute ce chiffre, mais peu importe, le phénomène de la Hulkamania saisissait l’imaginaire dans un gigantesque stade.

En quelques années, Hogan a fait passer la WWF d’une promotion qui attirait quelques milliers de personnes dans les arénas et gymnases du nord-est des États-Unis à une véritable attraction mondiale.

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C’est sans parler de son impact dans le monde cinématographique et télévisuel, qui a ouvert la porte à d’autres vedettes ayant suivi ses pas dans la lutte, comme «The Rock» (Dwayne Johnson) et John Cena.

Une influence immense

Photo PIERRE-YVON PELLETIER
Photo PIERRE-YVON PELLETIER

Le magnétisme de Hulk Hogan a aussi permis à ce qui est aujourd’hui devenu la WWE d’empocher des millions en produits dérivés. Celui qui a fait l’objet de quelque 170 figurines a carrément été à l’origine du phénomène de commercialisation des lutteurs.

Dans ma jeunesse, dans les années 1980, j’ai suivi comme tout le monde les exploits sportifs de Wayne Gretzky. De Michel Goulet et Peter Stastny. De Nolan Ryan. De Rickey Henderson. De Joe Montana. Et combien d’autres!

Mais, sans blague, c’est quasiment gênant de l’admettre, mais c’est Hulk Hogan qui a vraiment animé mon enfance.

J’allais le voir avec mon père au Colisée contre Kamala, le géant ougandais qui n’était pas plus ougandais que moi.

À chaque fois que son thème d’entrée résonnait, son fameux Real American, j’avais des frissons. Je portais son pyjama. À Noël, j’avais reçu sa ceinture en plastique cheap de champion et je me pavanais.

Il y avait aussi ses trois commandements, soit de s’entraîner, de faire ses prières et de prendre ses vitamines. J’étais déjà plutôt énergique, et ma mère n’aurait pas supporté de me voir encore plus vitaminé, mais bon...

Pour ce qui est des prières, j’étais trop occupé le dimanche matin à regarder Les Super Étoiles de la lutte à la télé pour aller à la messe.

Ce fut pour moi le divertissement par excellence, et Hogan a été le héros du plus beau théâtre sportif qui soit.

Encore aujourd’hui, à la fin d’une soirée arrosée, il n’est pas impossible que je teste quelques prises brutales avec mes mauvais compagnons. Le lendemain, je souffre. Et quand mes vieux muscles me tiraillent, je ne blâme jamais l’alcool. Je blâme Hulk Hogan.

Bien sûr, il n’a pas été le parfait modèle qu’il incarnait. Les controverses l’ont rattrapé dans les dernières années. La lutte, après tout, c’est un peu comme la vie. Un feuilleton avec des personnes complexes, imparfaites, à qui l’on pardonne bien des écarts. Par amour ou aveuglement.

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