Chronique d’une débâcle annoncée


Josée Legault
L’incapacité du ministre Christian Dubé à livrer sa promesse pourtant solennelle d’un système de santé «plus accessible, plus efficace et plus humain» est malheureusement indéniable.
Écarté en plus in extremis par François Legault des négociations avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec suivant sa loi 2 adoptée sous bâillon, M. Dubé retournera-t-il dans ses terres avant les prochaines élections?
Dans l’ensemble de son œuvre, dont la création de Santé Québec, une agence ultra-centralisée qui, au mieux, ne sert à rien et, au pire, finira en nuisance coûteuse, soyons néanmoins de bon compte.
Si le ministre a échoué, c’est avant tout parce que son premier ministre lui avait donné carte blanche sur toute la ligne.
Du moins, jusqu’à ce qu’un sondage récent confirme que devant les menaces crédibles de fermetures de cliniques et de départs de médecins, son gouvernement avait définitivement perdu la guerre de l’opinion publique.
Résultat: la loi 2, présentée pourtant par messieurs Legault et Dubé comme LA solution miracle censée guérir le réseau de santé de tous ses maux, va rejoindre le troisième lien dans la grande poubelle de l’Histoire.
De leur confrontation soutenue avec les médecins jusqu’à leur loi 2 dont les fondements allaient à l’encontre même des meilleures pratiques médicales, c’est bel et bien la chronique d’une débâcle annoncée.
Tous les experts, dont ceux mandatés par le ministre Dubé, les avaient implorés de ne pas lier le nouveau mode de rémunération des médecins à des indicatifs de performance purement quantitatifs et non pas qualitatifs.
Ne rien écouter
Or, le premier ministre et son ministre n’ont écouté personne, sauf eux-mêmes. Ils ont préféré jouer aux matamores déterminés à «casser» les médecins.
En chœur, ils ont donc répété qu’ils ne se «coucheraient» pas devant eux contrairement aux autres gouvernements de «peureux». Un beau gâchis sur toute la ligne.
Le seul élément restant est la modification du mode de rémunération, auquel les médecins, de toute manière, avaient déjà acquiescé avant le psychodrame national engendré inutilement par la «recette» Legault-Dubé.
Dommages collatéraux
En cela, les dommages collatéraux dans le réseau n’ont pas fini de se faire sentir. Pour les patients, jusqu’à preuve du contraire, c’est le pire des scénarios.
Ils n’auront pas droit aux améliorations tant promises du réseau public de santé pour lequel ils casquent lourdement par leurs impôts.
Du même coup, les services sociaux, vitaux en prévention pour une société aussi vieillissante que la nôtre, demeurent les grands négligés du réseau.
Le tout, pendant que des médecins en sortent ébranlés, les yeux rivés sur leur retraite ou sur le privé.
Le Québec, rappelons-le, étant la seule province dont les lois permettent l’expansion débridée d’un réseau privé de santé parallèle taillé sur mesure, comme par hasard, pour ceux qui sont capables de se le payer.
C’est le même réseau privé lucratif dont provient la top gun de Santé Québec, elle-même issue de la méga-entreprise familiale Biron Groupe Santé.
Comme quoi, au Québec, touttt est dans touttt...