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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Chômage: «C’est très difficile. On sent la restriction dans le travail»

Il y avait plus de 310 300 chômeurs aux quatre coins du Québec à la fin juin, mais la situation s’est très légèrement améliorée en juillet

Susana Peraza a été sur l’assurance-emploi et elle cherche maintenant activement un travail à Montréal.
Susana Peraza a été sur l’assurance-emploi et elle cherche maintenant activement un travail à Montréal. Photo Francis Halin
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-08-09T04:00:00Z
2025-08-09T13:26:02Z
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Des Québécois tentent tant bien que mal de se sortir du chômage, mais sentent bien que l’étau se resserre dans leur recherche d’emploi, qui s’étire comme jamais.

• À lire aussi: Perte de 41 000 emplois en juillet au Canada

• À lire aussi: 100 000 chômeurs de plus au Québec en deux ans

Près d’un chômeur au pays sur quatre (23,8%) était à la recherche d’un travail depuis plus de 27 semaines le mois passé. C’est du jamais vu depuis 1998 (à l’exception de 2020 et de 2021).

«C’est très difficile, confie Susana Peraza, qui cherche un boulot en entretien ménager. On sent la restriction dans le travail».

Le Journal l’a rencontrée à un centre de Services Canada de Parc-Extension, à Montréal, la semaine dernière. Pas facile pour elle de trouver chaussure à son pied.

«Aujourd’hui, un ami m’a appelé pour me parler de ses difficultés et, hier, un autre me disait la même chose au parc Jarry: “C’est difficile”», souffle-t-elle sans perdre le sourire.

Susana Peraza a de l’expérience dans des résidences de personnes âgées. Elle aimerait aujourd’hui obtenir un bon travail stable.
Susana Peraza a de l’expérience dans des résidences de personnes âgées. Elle aimerait aujourd’hui obtenir un bon travail stable. Photo Francis Halin

À quelques dizaines de kilomètres de là, Gabriel Bikah joue dans le même film.

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«Je cherche un simple emploi qui pourra me permettre de subvenir à mes besoins», confie-t-il, non loin d’un Walmart bouillant de monde sur la Rive-Sud de Montréal.

Gabriel Bikah, chercheur d’emploi.
Gabriel Bikah, chercheur d’emploi. Photo Francis Halin

L’homme de 30 ans, diplômé en agronomie au Cameroun, se dit prêt à accepter un «emploi comme journalier de production ou commis à l’entretien». Il s’intéresse aussi au domaine financier.

Le Québec touché

Il y avait plus de 310 300 Québécois au chômage en juin dernier.

«C’est 108 600 chômeurs de plus qu’en juin 2023, soit une hausse de 54% en l’espace de deux ans», analysait notre chroniqueur financier Michel Girard dans nos pages.

Et c’est au Québec que ce nombre a le plus augmenté en pourcentage au pays, notait-il.

Un mois plus tard, les données de juillet sont légèrement mieux, le chômage a baissé d’un maigre 0,8 point de pourcentage.

Selon l’économiste Pierre Fortin, les jeunes y goûtent depuis deux ans.

«La croissance du chômage chez les moins de 25 ans est trois fois plus forte que chez les adultes de 25 à 64 ans. Il y a tout simplement trop de concurrence sur le marché du travail», écrivait-il récemment dans le magazine L’Actualité.

Et les yo-yo des droits de douane de l’administration Trump enflent l’incertitude.

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«L’emploi se concentre surtout dans des postes à temps partiel et dans les secteurs moins sensibles aux cycles économiques», constatait l’économiste principale de Desjardins, Sonny Scarfone, début août, dans une analyse.

«Ça touche tout le monde»

Au Comité Chômage de Montréal (CCM), on sent bien que quelque chose a changé.

Les chercheurs d’emplois qui franchissent la porte de l’organisation souffrent en silence.

Gabriel Pelletier, coordonnateur du Comité Chômage de Montréal (CCM), voit passer à son bureau des gens dans la cinquantaine qui ne s’attendaient pas à perdre leur emploi et qui sont pris avec une hypothèque à payer.
Gabriel Pelletier, coordonnateur du Comité Chômage de Montréal (CCM), voit passer à son bureau des gens dans la cinquantaine qui ne s’attendaient pas à perdre leur emploi et qui sont pris avec une hypothèque à payer. Photo fournie par Gabriel Pelletier

Jeunes, moins jeunes, gens issus de l’immigration récente ou qui ont grandi ici... le profil est très varié. On cherche d’urgence un gagne-pain.

«Ça touche tout le monde. Ça touche n’importe qui», résume Gabriel Pelletier, coordonnateur du CCM.

Ce qui choque l’avocat, c’est que les solutions existent. Elles sont là, sur ta table, mais Ottawa continue de fendre les cheveux en quatre, selon lui.

«On devrait diminuer le nombre d’heures pour se qualifier à l’assurance-emploi. On pourrait accélérer le processus bureaucratique assez lourd», conclut-il.

– Avec la collaboration de David Descôteaux

Les cinq pires taux de chômage (moyennes mobiles de trois mois)

1– Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine: 10,1%

2– Montréal: 8,9%

3– Laval : 6,3%

4– Mauricie: 6,2%

5– Lanaudière: 5,8%

Source: Statistique du Québec, Statistique Canada – Juin

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