Investissement de 2 G$ afin de réduire l'attente pour les chirurgies
Raphaël Pirro
Ottawa a annoncé vendredi un investissement de 2 milliards $ à travers le pays afin de réduire les listes d’attentes des interventions chirurgicales, listes qui se sont considérablement allongées depuis le début de la pandémie.
L’argent sera distribué en un versement directement aux provinces, avec qui le gouvernement fédéral dit vouloir travailler de manière «concertée et collaborative» dans ce dossier traditionnellement de compétence provinciale.
Le Québec recevra 450 millions $ de l’enveloppe puisque les 2 milliards $ sont versés en proportion du nombre d’habitants.
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«Dans plusieurs cas, la pandémie a mis en lumière des problèmes qui existaient déjà depuis de nombreuses années et elle a rendu les choses encore plus difficiles», et le montant a pour but de «réparer les dégâts causés par la pandémie», a déclaré le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, vendredi.
Cet investissement ponctuel faisait partie du catalogue de promesses contenu dans la plateforme des libéraux lors des élections de l’année dernière.
«Ces délais sont un fardeau qui peut être difficile à porter pour les patients affectés, leur famille et leurs êtres chers, aussi bien que pour les travailleuses de la santé qui se chargent de leurs soins», a poursuivi M. Duclos, en conférence de presse dans un hôpital de la région d’Ottawa.
Le ministre a parlé d’une aide qui sera soutenue à long terme, en raison des défis qui attendent le secteur de la santé à l’avenir.
Les contextes démographique, environnemental et sociosanitaire «mettront de plus en plus de pression sur nos systèmes de santé», en particulier en ce qui a trait au vieillissement de la population, a-t-il remarqué.
À la fin du mois de janvier, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec établissait à 158 933 le nombre de Québécois en attente d’une intervention chirurgicale, dont plus du tiers qui attendaient depuis au moins six mois.
Une bataille de juridictions à prévoir
À Québec, la ministre responsable des Relations canadiennes, Sonia LeBel, a réagi à l’annonce en indiquant qu’il s’agissait «d’un premier pas temporaire» du gouvernement fédéral dans le financement des soins de santé.
«Notre demande demeure une augmentation récurrente et sans condition des transferts canadiens en santé», a-t-elle ensuite indiqué par le biais d’un tweet en rappelant qu’il s’agit d’une exigence exprimée par l’ensemble des premiers ministres des provinces et par l’Assemblée nationale. «Le Québec a l’expertise pour s’occuper de son réseau de santé.»
Dans la même veine, le Bloc Québécois a dénoncé une «intrusion» dans les plates-bandes du Québec, et a réitéré son appel à lancer un nouveau sommet entre le fédéral et les provinces pour discuter de transferts en santé.
«Ce n’est pas au gouvernement fédéral de décider ce que sont les priorités en santé, a déclaré en entrevue le porte-parole bloquiste en Affaires intergouvernementales, Mario Simard. Il n’a pas l’expertise d’établir ce que sont ces priorités. C’est aux provinces de le faire», a-t-il ajouté.
Voyant venir ces contestations, le ministre Duclos a cité une ancienne ministre de la Santé, Monique Bégin: «il n’y a rien de plus contre-productif qu’une guerre de chiffres entre deux paliers de gouvernement». À ses yeux, «les Canadiens ne sont pas intéressés par un débat stérile sur les finances», mais veulent avoir accès à des soins.
Le NPD se réjouit
Le NPD n’a pas perdu de temps pour s’attribuer le mérite de cette nouvelle, puisqu’elle tombe quelques jours après l’annonce d’un pacte de trois ans entre le parti progressiste et le gouvernement libéral.
«Contrairement aux libéraux ou aux conservateurs, les néo-démocrates savent que nous devons protéger et renforcer notre système de santé publique, au lieu de chercher des solutions de rechange ailleurs», a déclaré le chef Jagmeet Singh dans un communiqué.
«Avec cette entente, nous avons exercé notre pouvoir pour obtenir des résultats pour les travailleuses et travailleurs de la santé et pour les personnes en attente d’une chirurgie.»
– Avec la collaboration de Vincent Larin, Agence QMI