Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Chirurgie esthétique à l’étranger: des chirurgiens dénoncent la promotion d’influenceurs québécois

Capture d’écran
Partager
Photo portrait de Maude  Larin-Kieran

Maude Larin-Kieran

2025-06-26T23:30:00Z
2025-06-26T23:40:50Z
Partager

Des chirurgiens mettent les Québécois en garde contre les influenceurs qui font la promotion du tourisme médical pour les chirurgies esthétiques dans des pays comme la Turquie ou la Tunisie.

• À lire aussi: Une influenceuse brésilienne meurt lors d’une liposuccion

• À lire aussi: Don de sang: tout ce qu’il faut savoir

Tapis rouge à l’arrivée, tour en limousine, hôtel de luxe: dans des vidéos publiées sur Instagram ou TikTok, ces influenceuses vendent des forfaits qui incluent des liposuccions ou des abdominoplasties pour la moitié du prix demandé au Québec.

Depuis quelques semaines, plusieurs influenceuses québécoises, comme Jessica Dubé (@mlle_jess_), suivie par plus de 75 000 abonnés sur TikTok, font le voyage jusqu’à Tunis, en Tunisie, pour subir et promouvoir des opérations esthétiques.

Certaines de ces influenceuses sont rémunérées en échange de promotion sur leurs réseaux sociaux, une pratique interdite aux chirurgiens québécois et qui crée de la controverse sur le web.

Plusieurs internautes leur reprochent de parler ouvertement de leur expérience en clinique sans pour autant brosser un portrait réaliste des risques liés à ces interventions.

Une vidéo montrant une influenceuse révélant qu’une zone de son visage était maintenant paralysée à la suite d’interventions a fortement fait réagir. «Le médecin m’a assuré que c’est tout à fait normal, parce que quand il a passé le VibroFit ici, ça a touché un nerf. Ça va se rétablir très bientôt», a-t-elle expliqué dans la vidéo rapidement supprimée.

Publicité

«C’est de banaliser la chose et c’est ça qui devient dangereux», lance la docteure Geneviève Caron, chirurgienne spécialiste en chirurgie plastique.

Elle affirme devoir s’occuper plusieurs fois par mois de patients victimes de complications ou insatisfaits des résultats de leurs chirurgies pratiquées à l’étranger.

Geneviève Caron, chirurgienne qui met en garde contre les chirurgies pratiquées à l’étranger.
Geneviève Caron, chirurgienne qui met en garde contre les chirurgies pratiquées à l’étranger. Photo fournie par GENEVIÈVE CARON

La chirurgienne montréalaise met en garde contre les normes qui diffèrent d’un pays à l’autre. «Est-ce que l’air de la salle d’opération est changé régulièrement? Comment les instruments sont rangés? Est-ce que les implants, les fils sont réglementés?» s’interroge celle qui remet en question le suivi pré et postopératoire.

«Je suis mes patients un an après la chirurgie, alors qu’après 4-5 jours, eux, ils sont de retour au pays», ajoute-t-elle.

«Je vois des prix à 50% moins chers. C’est certain que c’est attrayant, mais quand tu reviens et que tu dois payer pour des complications, le prix dépasse rapidement celui du Québec», souligne la docteure Caron.

Le docteur montréalais Hani Sinno, suivi par 145 000 abonnés sur Instagram, dénonce à son tour ce type de promotion de la part d’influenceuses.

Il affirme avoir observé des normes troublantes lors de stages à l’étranger. Durant une visite dans un pays de l’Europe de l’Est, il raconte qu’il aurait pu opérer sans vérification.

«J’ai été capable de m’habiller, d’entrer dans la salle d’opération. Je pouvais toucher, j’aurais pu opérer, je ne l’ai pas fait. Personne ne m’a demandé mes diplômes ou mes vaccinations», explique-t-il.

Le docteur Hani Sinno, chirurgien qui met en garde contre les chirurgies pratiquées à l’étranger.
Le docteur Hani Sinno, chirurgien qui met en garde contre les chirurgies pratiquées à l’étranger. Photo fournie par HANI SINNO

Le Collège des médecins recommande aux patients «de discuter de ce choix avec un médecin plutôt que de se baser sur les informations véhiculées par un influenceur qui n’est pas un professionnel de la santé», affirme le docteur Sinno.

L’influenceuse Jessica Dubé, qui a subi entre autres une abdominoplastie lors d’un récent voyage en Tunisie, a refusé de répondre à nos questions.

Publicité
Publicité