Chine, Russie, États-Unis... «On voit une reconfiguration des blocs mondiaux»

Yannick Beaudoin
La situation géopolitique est en pleine période de changements, estime l’analyste et doctorant en science politique à Sciences Po Paris, Georges Mercier.
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Vendredi, le président Donald Trump a signé un décret pour rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre». Cette annonce est survenue deux jours après un imposant défilé militaire en Chine, et ce n’est pas un hasard, soutient l’expert.
«Il y a certainement un lien de cause à effet qui est intéressant, c’est de comparer l’ampleur des deux annonces. Donc, du côté de la Chine, mercredi dernier, on fait un gigantesque défilé militaire et j’insiste sur le gigantesque. On rapporte que ça aurait coûté deux milliards de dollars. C’était réglé au millimètre près. Et on se souvient que Donald Trump avait voulu un défilé militaire qui n’avait pas été aussi efficace ni aussi bien réglé», explique M. Mercier.
«Donc la Chine envoie ce message-là de puissance, de force. Et quelques jours plus tard, Donald Trump se contente de renommer un département. Donc entre un changement de nom et un défilé de cette ampleur-là qui a montré d’ailleurs des armes de poing qui peuvent rivaliser avec celles des États-Unis, il y a un deux poids, deux mesures qui est assez intéressant et qui annonce peut-être la suite des choses», ajoute-t-il.
La Chine, la Russie... et l’Ukraine
Le spécialiste en science politique croit par ailleurs que le sommet qui s’est déroulé en Chine au cours des derniers jours pourrait bien influencer le cours de la guerre en Ukraine
«On constate depuis le début de la guerre en Ukraine qu’il y a un rapprochement entre la Russie et la Chine. Cette semaine, [elles] ont notamment annoncé de nouveaux accords pour exporter du pétrole, de nouveaux investissements pétroliers. Donc, ces deux puissances-là se rapprochent. Pendant ce temps-là, nous, en Occident, on a beaucoup de misère à contraindre la Russie à la table de négociation. Et plus elle se rapproche de la Chine, moins elle a de raisons finalement d’aller à la table de négociation, de mettre fin au conflit en Ukraine», explique Georges Mercier.
«Ces deux éléments sont liés parce qu’on voit une reconfiguration des blocs mondiaux. Il y a trois ans, on pensait que la Russie était très faible, qu’on pouvait la contraindre facilement. Là, ce dont on se rend compte, c’est que ce n’est pas du tout aussi simple que ça», ajoute-t-il.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.