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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Chicago d’Al Capone à Trump

rudi1976 - Fotolia
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2025-09-08T04:00:00Z
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Donald Trump méprise l’avis des experts. Il se fie à ses impressions. Un de ses sentiments forts est que la ville de Chicago est un repaire de bandits. «Un trou à rats», «un enfer», «la ville la plus dangereuse du monde», n’hésite-t-il pas à écrire dans les réseaux sociaux.

Un simple coup d’œil sur les statistiques lui aurait appris que cela est faux.

Chicago se classe au 41e rang mondial en termes de dangerosité. Au 8e rang aux États-Unis.

Mais depuis Al Capone, une image indélébile de criminalité colle à la ville. Il est même possible d’y effectuer des visites guidées de sites autrefois contrôlés par la maffia.

Pourtant, Chicago arrive au second rang aux États-Unis pour le nombre de sièges sociaux. Chicago est aussi la troisième ville la plus riche du pays.

En fait, Chicago est victime de son succès. Vivre à Chicago coûte 30% plus cher que dans le reste de l’Illinois.

Cette situation n’est pas anormale pour une grande ville.

Cependant, la stagnation du nombre de petits emplois et la hausse des taxes favorisent l’accentuation de l’effet trou de beigne qui afflige la ville. Aussi, Chicago se vide tranquillement de sa population noire, tandis que sa population blanche augmente.

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Chicago est également depuis 2012 une ville sanctuaire, c’est-à-dire que ses autorités refusent de coopérer avec le gouvernement fédéral en matière d’immigration illégale.

Malgré ces problèmes, la situation globale de Chicago est donc globalement bonne. La ville est même de moins en moins violente.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Faire des exemples

Mais Trump ne se soucie pas de la réalité. Il cherche à faire des exemples, à frapper l’imagination.

Quoi de mieux que d’envoyer la Garde nationale à Chicago pour montrer qu’il veut éradiquer la criminalité? Une criminalité qu’il associe sans preuve aux immigrants illégaux.

Personne ne peut reprocher à Trump de chercher à faire baisser la criminalité, alors que les citoyens américains s’interrogent sur les raisons de l’inefficacité de la police à démanteler les réseaux de trafiquants de drogue ou les gangs de rue.

Pire que le mal

Mais plutôt que rechercher des réponses dans la facilité à obtenir des armes, dans la corruption, dans la faiblesse du système d’éducation ou encore dans les écarts de richesse de plus en plus scandaleux, Trump s’attaque aux politiques des démocrates, comme si elles n’étaient que désastreuses.

Et surtout, son remède est pire que le mal qu’il cherche à combattre. S’il parvient à envoyer la Garde nationale sans le consentement des autorités locales, il confisquera le pouvoir des États et il imposera une politique martiale nuisible à la démocratie.

Trump accroît de jour en jour son pouvoir, en se servant de causes légitimes.

Cette leçon n’est pas encore comprise par les dirigeants démocrates qui continuent pour la plupart à succomber à la rectitude politique et aux conceptions rousseauistes naïves des chantres des accommodements raisonnables.

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