«Chez moi, il n'y a pas de plancher»: 1 jeune sur 4 n'arrive pas à se loger convenablement au Québec
Appart insalubre, trop cher ou trop petit

Léa Martin
Logements insalubres ou délabrés, loyers trop chers et trop petits: plus du quart des jeunes locataires québécois n’arrivent pas à se loger convenablement, selon l’Institut de la statistique du Québec.
«J’ai vécu sur des sofas, dans des endroits surpeuplés. Dans mon dernier appartement, nous étions deux colocataires dans un logement 2 1/2 insalubre à aire ouverte», raconte Rosalie Lemire qui vit à Québec.

Il y a 5 ans, elle explique que des problèmes de santé l’ont contrainte à demander l’aide sociale. Depuis, la femme de 28 ans s’est battue pour ne pas finir à la rue. «Le loyer représentait plus de 50% de mon chèque de l’aide sociale», souligne-t-elle.
Après deux ans d’attente, elle a enfin trouvé un logement social. «Ça change la vie. Maintenant je peux manger», dit-elle soulagée.
C'est quoi, un «logement non acceptable»?
Au Québec, en 2021, près de 370 000 jeunes (27%) de 15 à 29 ans vivaient dans un «logement non acceptable».
Les trois normes d’acceptabilité établies par la Société canadienne d’hypothèques et de logement sont: la qualité du logement (le besoin ou non de travaux majeurs), la taille de celui-ci (il faut assez d’espace pour les différents occupants selon certains critères) et son abordabilité (si le ménage consacre 30% ou plus de son budget aux frais de logement, il n’est pas abordable).
«Un logement n’est pas acceptable lorsque celui-ci n’atteint pas au moins l’une des trois normes d’acceptabilité», peut-on lire sur le site de l’Institut de la statistique du Québec.

«Chez moi, il n'y a pas de plancher»
Si le prix des logements est un enjeu majeur pour les jeunes au pays, les chiffres montrent que la qualité des logements et leur taille sont des enjeux qui touchent majoritairement les locataires de moins de 30 ans.
«Mon loyer n'est pas cher, bien qu'il ait quand même augmenté depuis 3 ans. C'est pourquoi on ne se sent pas trop à l'aise de se plaindre», indique Léonie, une jeune enseignante de 26 ans de Québec.
Avec son amoureux étudiant, ils payent un petit 3 1⁄2 550$ par mois.
«Chez moi, il n'y a pas de plancher, ce sont des lattes de bois clouées. Le prélart de la cuisine est extrêmement abîmé, détaille-t-elle. Le pire, c'est la galerie et l'escalier arrière qui sont dangereux et que la proprio ne refait pas, car elle n'a pas les fonds.»
Le couple cherche un autre logement depuis un an. En raison de leur situation financière, ils ne trouvent toutefois pas un logement dans un quartier central de Québec qui leur permettrait de continuer à mettre de l’argent de côté.
Avec son emploi à temps plein comme secrétaire, Adriana, 30 ans, a elle aussi du mal à économiser. Son loyer et les charges qui y sont liées représentent la moitié de son budget tous les mois, même si son propriétaire lui offre un prix avantageux.
«Je ne suis pas la plus économe, mais je ne pense pas non plus être irresponsable avec mon argent», indique-t-elle.
Une situation décourageante
Comme le révèle Statistique Canada dans un rapport récent, «au cours de la période de 2016 à 2021-2022, l'optimisme chez les jeunes Canadiens de 15 à 29 ans a diminué d'environ 15 points de pourcentage».
Le «coût élevé du logement et des autres nécessités de tous les jours» participe à cette baisse d’optimisme et de bien-être, souligne l’organisme fédéral.