Chemin Roxham : la GRC commence déjà à plier bagage
Le nombre de migrants qui y passent est en chute libre depuis l'entrée en vigueur de nouvelles mesures

Nora T. Lamontagne
La GRC envisage de fermer définitivement ses installations du chemin Roxham, vu la baisse radicale des passages de migrants depuis fin mars. D'ici deux semaines, les premières roulottes quitteront le site.
• À lire aussi: Centres de détention américains pleins: des migrants en provenance du Canada transférés par avion au Texas
• À lire aussi: Découragés, des migrants du chemin Roxham sont expulsés aux États-Unis
• À lire aussi: Accueil des migrants: une firme privée a décroché des millions $ grâce au chemin Roxham
«Nous sommes en ce moment même en processus de désinstallation d’une partie des équipements», a indiqué le sergent Charles Poirier, porte-parole de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Au cours des dernières années, le fédéral a investi des millions de dollars pour aménager les alentours de ce petit chemin devenu le symbole de la migration irrégulière au pays. L’an dernier, près de 40 000 personnes l’ont emprunté.
Au fil du temps, le petit chapiteau en bordure de route a laissé place à des installations de plus en plus confortables et modernes.

Calme plat
Or, l'annonce de la fermeture du chemin Roxham avec l’application de l’Entente sur les tiers pays sûrs à l’entièreté de la frontière entre le Canada et les États-Unis, le 25 mars dernier, a changé le portrait du tout au tout.
Seulement quelques centaines de demandeurs d’asile sont passés par Roxham, d’où la réflexion de la GRC.
«Dans les mois qui suivent, nous analyserons les tendances d’achalandage et nous réviserons la pertinence de maintenir des installations en place ou non au bout du chemin Roxham», affirme d’ailleurs M. Poirier. «Il n’est pas exclu que le site soit évacué entièrement s’il devient évident que notre présence devient inutile.»

Déjà, le corps policier est en train de démanteler certains équipements, dont des roulottes qui quitteront le site vers la fin mai, indique-t-on.
Le complexe de bâtiments modulaires, construit au coût de 450 000$ et inauguré en novembre dernier seulement, sera maintenu pour le moment.
Ce dernier avait été jugé nécessaire, puisque en 2022 un nombre record de migrants étaient en voie de traverser par cette entrée irrégulière tout près d’Hemmingford, en Montérégie.
De coûteux aménagements
Depuis 2017, des investissements importants ont permis de transformer les installations pour accueillir les demandeurs d’asile sur le terrain vague qu’était le bout du chemin Roxham.
Un chapiteau temporaire a été éventuellement remplacé par des roulottes, puis un complexe de bâtiments s'est ajouté.

Une enquête de Radio-Canada a aussi révélé que le gouvernement de Justin Trudeau a conclu des baux d’une valeur de 28M$ avec un donateur libéral pour la location à long terme de terrains et de locaux bordant la frontière, dont certains ont été renouvelés jusqu’en 2027.
Chauffeurs au chômage
La fin de Roxham a aussi signifié la mort d’une lucrative industrie de transport de migrants entre la frontière et la gare d’autobus de Plattsburgh, dans l’État de New York.
«J’ai continué à transporter quelques personnes pendant environ trois semaines, mais après, j’ai tout arrêté», témoigne en espagnol Sergio, l’un de ces chauffeurs qui travaillent maintenant à New York.

Il continue de recevoir une dizaine d’appels par jour de demandeurs d’asile qui espèrent se rendre jusqu’au Québec par le chemin Roxham.
«Ce sont ceux qui n’ont pas encore compris... Moi je leur dis que c’est quasi impossible. C’est une perte de beaucoup de temps et de beaucoup d’argent», laisse-t-il tomber.
Avec la collaboration de Nicolas Brasseur
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.