Chauffeurs de camion illégaux: «Il y a un très grand manque de conformité et de surveillance de notre réseau routier»
Agence QMI
Les camionneurs formés et honnêtes sont de plus en plus fâchés contre la multiplication des camionneurs illégaux sur nos routes. Marc Cadieux, président de l’Association du Camionnage du Québec, déplore le manque de contrôle routier.
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Les tragédies routières comme celles survenues la semaine dernière avec des poids lourds rappellent l’enjeu des «camionneurs au rabais», qui conduisent des poids lourds sans formation.
«On travaille avec les officines gouvernementales, mais en ce moment ça ne bouge pas», a expliqué Marc Cadieux, président de l’Association du Camionnage du Québec sur les ondes de QUB radio et télé, diffusée simultanément au 99,5 FM Montréal, mardi.
Depuis le 6 mars dernier, il n’y a plus de contrôle routier aléatoire sur les routes de la province.
«Il y a un très grand manque de conformité et de surveillance de notre réseau routier, a-t-il ajouté. Malheureusement, le citoyen ordinaire ne peut plus faire la différence entre un bon chauffeur et un mauvais, et lui c’est un camion, ça devient dangereux.»
En mars dernier, le Bureau d’enquête et l’émission J.E se sont penchés sur ces camionneurs «au rabais» qui ne paient pas d’impôt et de déductions à la source.
De plus en plus d’entreprises font faire leurs livraisons par des chauffeurs au rabais de l’Ontario pour une fraction du prix grâce à un stratagème dénoncé par l’industrie.
La plupart de ces camionneurs sont originaires d’Asie du Sud-Est, peu formés et mal payés, et sillonnent les routes du Québec au volant de poids lourds, hiver comme été.
Certains sont incapables de reculer leur gros camion et doivent demander à leurs collègues de les aider.
Ils reçoivent parfois des certifications de formation de complaisance, a précisé M. Cadieux.
«C’est une forme d’esclavagisme moderne, a martelé le président. Ils sont souvent pris en charge par des leaders aux poches profondes de leur propre pays et exploités ici.»
Ils peuvent entrer au pays par un subterfuge d’immigration: des permis d’étudiants, des permis de congés, des vacances au Canada ou par une demande de statut de réfugié.
D’après Marc Cadieux, les compagnies vont ainsi les chercher dans les centres hôteliers qui les hébergent, ils obtiennent un permis de travail et sont formés à rabais.
De plus en plus d’employeurs utiliseraient ce stratagème de tricherie fiscale pour combattre la concurrence déloyale: «On en est rendus là... puis il y a une grogne», a-t-il conclu.