ChatGPT: 7% des étudiants québécois l’ont déjà utilisé pour qu'il fasse un devoir à leur place
L'utilisation la plus répandue est toutefois comme moteur de recherche, ce qui peut aussi être inquiétant, selon un chercheur

Daphnée Dion-Viens
Au cégep et à l’université, 7% des étudiants ont déjà utilisé ChatGPT pour qu'il fasse un devoir à leur place, selon une des premières enquêtes québécoises sur le sujet.
C’est du moins l’une des conclusions d’une enquête réalisée à l’automne 2023 par l’équipe du professeur Bruno Poellhuber qui a interrogé 2400 étudiants de l’Université de Montréal, du Cégep de Saint-Jérôme et du Cégep de Lanaudière à Terrebonne sur leur utilisation et perception de ChatGPT.
Près de 93% des répondants ont indiqué n’avoir jamais utilisé le robot conversationnel pour qu'il rédige un travail académique à leur place, alors que 6% l’ont fait parfois ou de temps en temps. Moins de 1% des étudiants interrogés ont avoué le faire souvent ou très souvent (voir détails plus bas).
Il s’agissait de la seule question «déguisée» qui portait spécifiquement sur le plagiat dans le cadre de cette enquête, précise le chercheur. Près de 30% des étudiants ont aussi affirmé avoir déjà utilisé l’intelligence artificielle pour s'«aider à réaliser des travaux écrits», mais il peut s’agir d’une utilisation plus large, qui n’est pas nécessairement liée au plagiat.
- Écoutez la revue de presse commentée par Alexandre Dubé via QUB :
Remplacer Google par ChatGPT
L’équipe a toutefois été surprise d’apprendre que parmi la majorité d’étudiants qui ont affirmé avoir déjà utilisé ChatGPT (62%), l’usage le plus répandu est la recherche d’informations, un phénomène plutôt «inquiétant», selon M. Poellhuber.
«Je suis inquiet pour une partie importante de la population étudiante, affirme-t-il. ChatGPT, pour la recherche d’informations, c’est très mauvais.»
Le chercheur reconnaît que le robot conversationnel peut donner «d’excellentes réponses» sur des sujets «qui ne changent pas dans le temps», comme la Grèce antique par exemple.
Mais pour des sujets «plus actuels», cette intelligence artificielle peut inventer de toutes pièces des réponses ou une bibliographie, indique ce professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal.
Des étudiants utilisent aussi le robot conversationnel pour étudier de la matière, générer des idées ou réviser des textes, ce qui correspond à une utilisation plus positive, ajoute-t-il (voir détails plus bas).
La rédaction de texte apparaît aussi dans la liste de réponses fournies par les étudiants. Toutefois, puisqu’il s’agissait de questions ouvertes, à portée plus large, les réponses peuvent aussi inclure de l’aide à la rédaction, ce qui n’est pas forcément du plagiat, précise le professeur.
Le plagiat, principal risque
Interrogés sur les enjeux, risques ou défis que pose ChatGPT, les étudiants estiment néanmoins que le plagiat arrive en tête de liste.
Parmi les étudiants qui n’ont pas succombé au robot conversationnel, plusieurs affirment d’ailleurs ne pas l’utiliser par crainte d’être accusés de plagiat.
D’autres ont plutôt peur de perdre leurs aptitudes cognitives ou refusent d’y avoir recours pour des raisons éthiques.
- Écoutez la chronique de Karine Gagnon, chroniqueuse politique au JDM et JDQ via QUB :
Certains étudiants «sont étonnamment éveillés et critiques et ça fait partie des raisons pour lesquelles ils ne l’utilisent pas», indique M. Poellhuber.
De façon plus générale, les étudiants souhaitent que l’utilisation de l’intelligence artificielle soit permise dans les cégeps et universités, mais de façon encadrée.
Une vaste offensive de formation à l’intelligence artificielle devrait être lancée en enseignement supérieur, puisqu’il faut bien la connaître pour l’utiliser de façon responsable, affirme ce chercheur.
ChatGPT dans les cégeps et universités québécoises
Parmi les 2400 étudiants interrogés:
- 62% utilisent ChatGPT
- 38% ne l’ont jamais utilisé
Fréquence d’utilisation de ChatGPT pour aider les étudiants à rédiger un devoir à leur place:
- Jamais: 92,8%
- Parfois: 4,1%
- De temps en temps: 1,7%
- Souvent: 0,7%
- Très souvent: 0,7%
Les principaux usages de ChatGPT*
- Recherche d’informations
- Étude de la matière
- Génération d’idées
- Révision de texte
- Rédaction de texte
- Résumer
- Traduction
- Exploration
- Programmation générale
*présentés en ordre (selon le nombre de réponses à des questions ouvertes)
Source: Usages et perceptions relatifs à ChatGPT en enseignement supérieur, enquête réalisée par Bruno Poellhuber (Université de Montréal), Normand Roy (Université de Montréal), Christine Marquis (Cégep de Saint-Jérôme), Maxime Linck (Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne), Sébastien Wall-Lacelle (Cégep de Saint-Jérôme), Alexandre Lepage (Université de Montréal).
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.