Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Plaintes record à l’OQLF: un commerçant attend toujours son inspecteur fantôme

Hussein Ali, 28 ans, propriétaire de Heliotronix, une PME d’un seul homme. Il répare téléphones, tablettes et ordinateurs à Montréal, et attend toujours la visite d’un inspecteur promise par l’OQLF.
Hussein Ali, 28 ans, propriétaire de Heliotronix, une PME d’un seul homme. Il répare téléphones, tablettes et ordinateurs à Montréal, et attend toujours la visite d’un inspecteur promise par l’OQLF. Photo Julien McEvoy
Partager
Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2025-10-14T11:41:19Z
2025-10-14T19:48:01Z
Partager

Plus de 10 000 Québécois ont sonné l’alerte pour de possibles manquements à la Charte de la langue française en 2024-2025, un sommet pour une quatrième année consécutive.

• À lire aussi: Le français et les affaires: dérapage linguistique dans une publicité de pneus d’hiver

• À lire aussi: La langue est un rapport de force

Le nombre de plaintes logées auprès de l’Office québécois de la langue française a atteint 10 371 au cours des 12 derniers mois, selon leur rapport annuel publié la semaine dernière.

Ça représente une hausse de 13,7% en une seule année et un bond stratosphérique de près de 140% en cinq ans.

«[Cela] témoigne de la préoccupation grandissante de la population quant à la protection de la langue française», indique l’OQLF.

L’Office a refusé mardi de répondre aux questions du Journal sur son rapport, invoquant une surcharge de travail.

L’inspecteur qui ne vient jamais
Hussein Ali concentré à l’ouvrage, lui qui répare tout ce qu’il trouve depuis toujours.
Hussein Ali concentré à l’ouvrage, lui qui répare tout ce qu’il trouve depuis toujours. Photo Julien McEvoy

Pendant que l’OQLF croule sous les plaintes, des commerçants comme Hussain Ali se demandent ce qu’on leur reproche. Ce propriétaire d’une boutique de réparations électroniques sur l’avenue Monkland, à Notre-Dame-de-Grâce, a reçu une lettre de l’Office cet été.

Publicité

La lettre était adressée à son nom, et non à celui de son entreprise. 

«J’ai trouvé ça un peu bizarre», confie l’homme de 28 ans, originaire du Caire, en Égypte. Le message l’informait qu’il allait recevoir la visite d’un inspecteur.

Plusieurs mois plus tard, personne n’est venu. «Je ne vois pas le problème. Tout est en français, sauf une petite phrase sur mon enseigne à l’extérieur. Le nom de l’entreprise est en français», explique celui qui tient une PME d’un seul homme.

Le magasin de l’avenue Monkland à Notre-Dame-de-Grâce affiche une enseigne «Réparations» en français.
Le magasin de l’avenue Monkland à Notre-Dame-de-Grâce affiche une enseigne «Réparations» en français. Photo Julien McEvoy

Hussain répare des appareils électroniques depuis qu’il est petit. Il parle un français suffisant pour servir ses clients, mais préfère l’anglais pour les conversations plus longues. Son quartier est reconnu pour être plutôt anglophone.

Une machine qui roule

Les nouvelles obligations sur la prédominance du français dans l’affichage commercial, entrées en vigueur le 1er juin 2025, ont bouleversé le travail de l’OQLF. Le personnel de l’organisme roule sur les chapeaux de roues pour mettre en place la réforme linguistique du gouvernement.

Au cours de la dernière année, l’Office a mené 9813 inspections sur le terrain, une augmentation de 47% par rapport à l’an dernier. Il a aussi délivré 1904 certificats de francisation, soit plus du double en un an.

Malgré la charge de travail record, l’OQLF se félicite d’avoir corrigé 94% des manquements à l’amiable, sans recours aux tribunaux. Plus de 4269 entreprises employant de 25 à 49 personnes se sont inscrites depuis les nouvelles règles.

Pour Hussain Ali, l’attente se poursuit. Entre deux réparations de téléphones dans son quartier de l’ouest de la ville, il continue de se demander quand l’inspecteur viendra enfin évaluer sa fameuse «petite phrase».

– Avec Francis Halin

L’OQLF en 2025

14 366 entreprises inscrites à l’OQLF (+24,8% en un an, plus forte hausse jamais observée)

9813 inspections menées sur le terrain (+47,1%)

93,8% des manquements corrigés à l’amiable, sans tribunal

1904 certificats de francisation délivrés (le double de l’an dernier)

Les trois champions des plaintes

1. Langue de service: 40 % des plaintes (25% il y a cinq ans)

2. Sites web

3. Affichage

Nouvelles règles depuis le 1er juin 2025

Affichage commercial: nette prédominance du français obligatoire (deux fois plus gros que l’anglais)

Marques de commerce sur produits: français requis sur les emballages

Entreprises de 25-49 employés: inscription obligatoire à l’OQLF pour démarche de francisation

Résultat: 4269 entreprises de cette taille déjà inscrites (plus du tiers des PME visées)

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité