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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Charles Hamelin rêve à sa dernière course devant «Vivi»

Il veut finir sa carrière devant les siens avant de s’attaquer à ses autres projets

De retour chez lui à Montréal où il a repris l’entraînement pour les Mondiaux, le patineur de vitesse Charles Hamelin pose fièrement avec les six médailles olympiques qu’il a remportées au cours de sa longue carrière en courte piste.
De retour chez lui à Montréal où il a repris l’entraînement pour les Mondiaux, le patineur de vitesse Charles Hamelin pose fièrement avec les six médailles olympiques qu’il a remportées au cours de sa longue carrière en courte piste. Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Jessica Lapinski

Jessica Lapinski

2022-03-02T02:23:01Z
2022-03-02T02:43:06Z
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Il est serein à l’idée d’accrocher ses patins, mais avant, Charles Hamelin espère de tout cœur pouvoir faire un dernier tour de piste devant sa fille Violette aux Championnats du monde, ce mois-ci.

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Car s’il a été confirmé dimanche que l’événement se tiendrait finalement dans la région montréalaise, la date et le lieu demeurent incertains. 

Lundi, Robert Dubreuil, le directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec, expliquait à notre collègue Richard Boutin toujours « vouloir présenter le Mondial, mais que les conditions minimales doivent être en place ».  

« Je suis pas mal sûr qu’il y aura un Mondial, mais nous non plus, on n’a aucune certitude sur le lieu et la date, a pointé Hamelin en entrevue au Journal, mardi. Pour moi, ça serait la première et la seule chance que “Vivi” puisse me voir patiner en compétition. »

« Alors, c’est sûr que ce Mondial-là a une place spéciale pour moi, a-t-il ajouté. Je veux courser, être capable de patiner devant ma famille, à l’aréna Maurice-Richard. »

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Parce qu’ensuite, le rideau tombera sur les quelque 30 années de Hamelin en patinage de vitesse courte piste.

Des deuxièmes carrières

Après avoir conclu sa carrière olympique sur la plus belle note possible — l’or au cou, célébrant sur le podium à Pékin avec ses « boys » de l’équipe de relais courte piste —, le patineur de Sainte-Julie amorcera sa deuxième carrière. 

En fait, ses deuxièmes carrières. À 37 ans, Hamelin s’est assuré d’être pas mal occupé une fois qu’il remiserait ses lames. 

Il commencera par finir son autobiographie, d’ici l’automne. Il continuera aussi à s’impliquer dans l’entreprise Nagano Skate. Une compagnie spécialisée dans l’équipement de patinage de vitesse, mais qui offre également un volet académique pour des recrues ou, encore, des patineurs expérimentés qui souhaitent peaufiner leur technique. 

« J’ai aussi un autre projet qui s’appelle Allskills, a continué à énumérer l’olympien. Avec deux autres gars, on développe une application mobile qui permet aux sportifs jeunes et moins jeunes, mais aussi à ceux qui auraient un talent plus artistique, de montrer leurs talents spéciaux. »

Mais même s’il n’avait pas été aussi occupé, Hamelin assure qu’il est prêt à tourner la page sur sa carrière d’athlète. 

« J’ai l’âme en paix. J’ai eu la fin de carrière dont tous les athlètes espèrent dans leur vie. Tu veux quitter ton sport sur la plus haute marche du podium et c’est ce que j’ai réussi. » 

Heureux qu’on batte son record

De toute façon, Charles Hamelin ne restera pas bien loin du patinage de vitesse. Parce qu’il veut encore promouvoir ce sport qui lui a offert certains des plus beaux moments de sa vie. 

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Mais aussi, parce qu’il continuera à encourager ses amis de l’équipe nationale. Avec même l’espoir de les voir un jour dépasser sa marque de six médailles olympiques, un record pour un athlète canadien aux Jeux d’hiver qu’il partage en ce moment avec Cindy Klassen.

« J’ai fait plein de records, mais c’est sûr qu’il y en a qui vont se donner à 100 % pour les battre. Et c’est ça, le sport. Je serai tellement fier pour cette personne-là. Je vais regarder les gars performer et si quelqu’un bat ma marque, je vais être le premier à être heureux pour lui », a-t-il assuré.

La plus précieuse des médailles 

Quand on a remporté pas moins de six médailles olympiques, laquelle est la plus spéciale ? La première ou la dernière ?

« Si on me donne le choix entre les deux, la dernière est un peu plus spéciale, a pointé Charles Hamelin, en parlant de l’or gagné au relais à Pékin. Parce qu’elle reflète le chemin parcouru dans ma carrière pour me rendre là et les choix plus difficiles que j’ai dû faire. »

Parmi ces choix difficiles, mais payants, il y a cette décision prise en 2018 de poursuivre le patinage de vitesse pendant quatre ans, avec comme but de disputer une ultime fois les Jeux olympiques. 

« Si je n’avais pas cru en mes moyens, si je n’avais pas eu la confiance en moi pour me rendre [jusqu’à Pékin], je n’aurais jamais réussi à battre ce record et à avoir six médailles », a-t-il affirmé.

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« Cette médaille-là, a poursuiviHamelin, elle représente aussi la fierté de l’avoir gagnée avec mes coéquipiers. Et c’est une façon de remercier ma fille et ma fiancée de m’avoir soutenu dans les dernières années. Leur support m’a permis d’arriver aux Jeux avec le feu dans les yeux. »

Avec son frère 

Mais la plus précieuse médaille de son imposante collection est un peu plus vieille. Elle a été gagnée aux Jeux de Vancouver, il y a 12 ans, encore une fois au relais 5000 mètres, aux côtés de son frère François. 

Car pour Charles Hamelin, rien n’a été plus spécial dans sa carrière que de partager cette première marche du podium avec son cadet, devant la foule locale qui ne cessait de célébrer, même une heure après la finale. 

« C’était irréel. En tant qu’athlète, tu espères aller aux Jeux. C’est un rêve. C’est aussi un rêve de gagner une médaille. Mais une médaille avec son frère, c’est tellement hors de notre contrôle, avec tout ce qui peut se passer dans une course. C’était vraiment un moment magique », a souri le patineur.  

Hamelin «mal à l’aise» à l’idée de courser avec des Russes 

L’Union internationale de patinage a annoncé mardi qu’aucun athlète russe ou bélarussien ne serait autorisé à participer aux épreuves qu’elle organise, ce qui veut dire qu’ils seront absents des Championnats du monde de patinage de vitesse, qui doivent se tenir en mars dans la région de Montréal. 

Cette mesure est effective immédiatement et jusqu’à nouvel ordre, peut-on lire dans un communiqué de la fédération. 

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« Moi, je soutiens tous les gestes qui sont posés, comme le bannissement des Russes par les fédérations sportives », a affirmé le patineur de vitesse Charles Hamelin, qui disputera aux Mondiaux les dernières courses de sa carrière. 

« Ce sont des signes qui montrent que nous, on ne veut pas la guerre, qu’on ne veut pas aller là, a-t-il renchéri. Je crois que la planète veut la paix, et non la guerre. »

Hamelin ajoute qu’il aurait été « mal à l’aise de courser contre des Russes en ce moment ». 

Deux patineurs ukrainiens

Le vétéran dit aussi être de tout cœur avec les patineurs de vitesse ukrainiens Uliana Dubrova et Oleh Handei, qu’il a côtoyés aux Jeux olympiques, mais également sur le circuit de la Coupe du monde. 

« On espère que tout va bien aller pour eux, a-t-il souhaité. Je leur envoie des ondes positives, eux qui vivent le chaos en ce moment. »

La famille de Handei, 22 ans, n’a d’ailleurs pas été épargnée par l’invasion russe de 2014, selon ce qu’a rapporté le site Daily Beast durant les Jeux olympiques. 

« Mon cousin a dû fuir l’Ukraine en 2014, a raconté sa mère Yelena. Mes parents y sont encore et leurs vies sont déchirées. »

Approché par des Russes 

Oleh Handei avait aussi dit à ce même média avoir été approché par un groupe d’athlètes russes durant les Jeux de Pékin. 

« Des hommes sont venus me voir, je ne sais pas quel sport ils pratiquaient, avait-il expliqué. Ils m’avaient posé des questions bizarres, comme pourquoi je me trouvais à Pékin alors que mon pays était aussi pauvre et que la guerre allait commencer. »

« Je leur ai répondu dignement, je leur ai dit qu’on parlerait de ces enjeux une autre fois », avait conclu le patineur ukrainien. 

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