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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Charest et les beaux malaises rouges

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Antoine Robitaille | Agence QMI

2022-02-12T09:00:00Z
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S’il annonçait sa candidature à la succession d’Erin O’Toole, Jean Charest plongerait plusieurs libéraux dans l’embarras.

D’abord, à Québec, la chef du PLQ Dominique Anglade. Elle qui veut rompre avec le passé libéral... voilà que celui-ci resurgirait de manière spectaculaire.

On rappellerait les faits saillants des années Charest, notamment les histoires douteuses: promesses rompues en Santé; nomination des juges sous influence ; financement occulte; l’enquête Mâchurer; la Commission Charbonneau ; le printemps étudiant.

Dominique Anglade serait obligée de répondre à des questions sur ces sujets. Tentera de s’en tenir à une sorte de neutralité, comme on me l’a dit dans son entourage hier. La phrase toute faite s’apparentera à «On n’est pas François Legault! On ne se mêle pas des affaires du Parti conservateur».

Une «fan finie»

L’ennui, c’est que les anciens compagnons d’armes de Charest, encore élus aux côtés d’Anglade, ne pourront résister à chanter les louanges de l’homme à qui ils doivent tant et pour qui ils éprouvent encore énormément d’affection.

J’en ai parlé à Christine St-Pierre, hier, qui se décrit comme une «fan fini» de l’ancien chef.

Leur amitié remonte à l’époque où St-Pierre était reporter à Ottawa et où Charest évoluait au parti progressiste-conservateur. Charest l’a recrutée en 2007 et St-Pierre fut sa ministre de la Culture, entre autres.

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Évidemment, la députée de l’Acadie ne tarissait pas d’éloges à son égard: «la stature d’un chef d’État», «très à l’aise en relations internationales», «a des réseaux partout». Et ici, il «connaît le pays comme personne», «d’un océan à l’autre», est un conservateur progressiste, qui connaît l’environnement.

Elle soutient ne pas lui avoir parlé récemment, mais à la question «lui recommanderiez-vous de plonger?», elle répond «oui» sans hésiter.

Au caucus du PLQ, elle n’est pas seule, c’est certain. Sauf erreur, au moins huit autres députés libéraux actuels sont étroitement associés à l’ère Charest: Pierre Arcand, Francine Charbonneau, Lise Thériault, Maryse Gaudreault, Nicole Ménard, Filoména Rotiroti, Marc Tanguay, Isabelle Melançon.

On sait à quel point la base du parti affectionne son ancien chef! Au congrès du 150e du PLQ, en 2017, un Charest extrêmement en verve («Il s’ennuie des gens, des foules, des discours politiques», confiait St-Pierre hier) avait pris la parole devant les militants qui tressaillaient ! Philippe Couillard en avait été éclipsé.

Dominique Anglade sera donc devant un vrai dilemme: impossible de trop critiquer ou de trop louanger l’ancien chef. Elle préférera aussi qu’on ne rappelle pas trop la dernière année de pouvoir de Charest, 2012, où elle était présidente de la CAQ et dénonçait les «odeurs de corruption» au PLQ!À Ottawa aussi

Une candidature de Charest poserait des dilemmes aussi à Ottawa pour plusieurs chez les libéraux fédéraux.

Au moins un élu, Emmanuel Dubourg, est un ancien élu de l’ère Charest et un admirateur de l’ancien premier ministre. En 2010, après le tremblement de terre en Haïti, Charest l’avait nommé coordonnateur des actions gouvernementales auprès d’Haïti.

On me souligne aussi que plusieurs autres membres du personnel politique libéral à Ottawa sont des anciens du PLQ, et aussi de grands admirateurs de Charest et des nostalgiques de cette ère: «Ils vont se dire: "on fait quoi s’il y va?"», me dit un ancien du PLC.Bonne question.

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