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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Charest comme Trudeau père

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Antoine Robitaille | Agence QMI

2022-03-11T09:00:00Z
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Lorsqu’il est passé en politique québécoise en 1998, Jean Charest a publié un livre biographique intitulé «J’ai choisi le Québec» (Éditions Pierre Tisseyre).

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On peut affirmer depuis hier que ce titre était mensonger. Charest a toujours choisi le Canada.

Lorsque, à LCN, Mario Dumont lui a lancé: «C’est votre vrai rêve, être premier ministre du Canada», Jean Charest a ni plus ni moins acquiescé.

S’il est devenu chef du Parti libéral du Québec et, plus tard, premier ministre du Québec, c’était, expliquera-t-il dans l’entrevue, à cause d’un «contexte» bien particulier. Une sorte de concours de circonstances.

La théorie du «Pont d’or»

Rappelons ce «contexte». C’est celui des lendemains du référendum de 1995. Lucien Bouchard, devenu premier ministre du Québec en 1996 après la démission de Jacques Parizeau, est au faîte de sa popularité. Un troisième référendum est possible et le Oui pourrait le remporter. Ça prend un sauveur. À tout prix.

La pression sur Jean Charest est extrême. Car tous se souviennent à quel point il fut efficace dans le camp du Non. Alors que le chef libéral Daniel Johnson fils fait, devant Bouchard, pâle figure.

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Dans le cadre de l’enquête Mâchurer, qui a été récemment fermée sans accusations, les policiers de l’UPAC ont tenté de savoir si Charest, lorsqu’il était chef conservateur fédéral, avait reçu un «pont d’or» pour qu’il troque le bleu fédéral pour le rouge « provincial ».Cette théorie demeure mystérieuse. En janvier 2016, lors d’un témoignage aux policiers, le sénateur conservateur Léo Housakos évoque une « rumeur » de collecte d’un important montant d’argent, dans le monde des affaires fédéraliste, pour aider Charest à prendre sa décision. 

Notons que Housakos appuie maintenant Pierre Poilievre dans la course à la chefferie conservatrice.

Le PLQ dénaturé

Toujours est-il qu’en 1998, Jean Charest finit par choisir... le Canada. Il n’y aura pas de troisième référendum. Et pas non plus de réforme du fédéralisme afin de satisfaire les demandes du Québec, comme le prônait le PLQ depuis les années 1950.

Jadis fédéraliste, le PLQ devint «antisouverainiste», «statuquoiste», «canadianiste». En son sein et au Québec en général, la réflexion sur le système fédéral canadien mourra. «Le fil commun de toute ma carrière a été l’idée du Canada, j’y crois profondément», dira d’ailleurs Charest à Dumont, hier.

Devenir le premier ministre de ce pays est son rêve le plus cher. Il parlait hier encore de cette défaite «crève-cœur» contre Kim Campbell, à la course à la direction de 1993. S’il l’avait emporté, le rêve aurait été réalisé depuis 29 ans!

Cette fois, Jean Charest semble prêt à tout faire pour y arriver. Il sait qu’il doit séduire le Canada anglais. Au risque de brusquer le Québec.

Il n’y a pas plus grand gage de succès dans le ROC qu’un Québécois qui remet «le Québec à sa place», selon le mot attribué à Trudeau père.Grâce à la nouvelle donne énergétique, créée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Jean Charest -promoteur de la bourse du carbone- peut maintenant se dire ouvert aux projets de pipelines transcanadiens.

Quant à la loi 21 sur la laïcité. Il choisit définitivement le Canada, en rejette explicitement le modèle québécois du rapport à la religion.

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