Chantiers fantômes à Montréal: la Ville promet de sévir

Marie-Laurence Delainey
Face à l’exaspération de citoyens devant des chantiers fantômes, la Ville de Montréal entend serrer la vis en multipliant les inspections afin de réduire le nombre de rues bloquées sans la moindre présence de travailleurs.
«Depuis deux ans, on a une règle, cinq jours d’inactivité, on démobilise le chantier», explique le porte-parole de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin.
L’application de la réglementation relève de l’Escouade mobilité et des inspecteurs des arrondissements. L’an dernier, ils ont mené plus de 14 000 interventions auprès de chantiers non conformes, dont certains étaient inactifs, et prévoient augmenter les vérifications dans les prochaines semaines.
3000 constats

Reconnu comme le secteur où il y a le plus de chantiers sur l’île, l’arrondissement de Ville-Marie a d’ailleurs ajouté un inspecteur de plus cette année pour s’assurer de leur conformité. En 2024, 18 inspecteurs ont donné près de 3000 constats d’infraction de 500 à 2000$ chacun pour des chantiers non conformes, ce qui n’est pas à négliger, selon M. Sabourin.
Responsabilité partagée
Un entrepreneur en construction, qui préfère garder l’anonymat pour ne pas nuire à ses clients ou partenaires, admet que si l’absence de travailleurs est souvent justifiée, il y a parfois du laxisme et appelle aussi à davantage d’inspections.
«Parfois [...], l’entrepreneur oublie d’appeler l’installateur quand il termine [...]. Il peut y avoir des délais pour ramasser un chantier [...]. Il y en a qui exagèrent des fois», résume-t-il.

L’Association québécoise des entrepreneurs en infrastructure ajoute que la coordination est une responsabilité partagée. «Si on embarque dans le train de l’amélioration, on embarque tous [...]. C’est sûr que nous, on est pas mal visibles, on a [d’immenses] pelles, mais [...] il peut arriver à la Ville de Montréal qu’il y ait plusieurs donneurs d’ouvrages [...]. Toi, t’es l’entrepreneur qui doit réaliser ces travaux, tu dois attendre qu’Hydro-Québec, Énergir viennent vérifier, là c’est la Commission des services électriques, c’est pas un spaghetti facile, ça peut être lourd administrativement contractuellement», précise la directrice générale, Caroline Amireault, qui admet toutefois que la collaboration s’améliore d’année en année avec la Ville.
«On peut faire mieux»
Le chef de l’opposition officielle de la Ville de Montréal, Aref Salem, soutient que l’administration peut faire mieux pour optimiser les déplacements des Montréalais. «Nous sommes devant une multiplication des chantiers fantômes [...]. Je ne peux pas comprendre qu’aujourd’hui, avec l’intelligence artificielle, on ne peut pas mettre en place [...] des plateformes technologiques où on sait comment intervenir [...] à optimiser le trajet [des citoyens]», explique M. Salem.