Changer radicalement la politique extérieure du Canada et du Québec


Loïc Tassé
En politique étrangère, Mark Carney donne une impression de professionnalisme. Son voyage en Ukraine l’illustre encore une fois.
Mais au-delà des impressions, la politique extérieure du Canada est problématique et doit être complètement réformée.
Le Canada pourrait être la plus puissante des moyennes puissances.
Pendant la Guerre froide, il s’était taillé une réputation enviable de médiateur.
Mais cette époque est révolue.
Parce que la Chine, les États-Unis et la Russie ont repris leur marche expansionniste.
Parce que le nombre de puissances moyennes a augmenté.
Parce que de nombreux Canadiens d’immigration récente font passer les intérêts et la culture de leur pays d’origine avant ceux du Québec et du Canada.
Les manifestations propalestiniennes et antijuives l’illustrent bien.
S’éloigner des pays expansionnistes
Le Canada et le Québec doivent radicalement changer de politique extérieure.
Plus que jamais, ils doivent s’éloigner des puissances expansionnistes ou autoritaires et se rapprocher des autres pays.
Ils doivent abandonner la politique multiculturelle dite postnationale.
Ils doivent consolider l’armée et l’industrie de la défense.
Concrètement, ceci signifie, entre autres, réduire le personnel diplomatique du Canada en Chine, en Russie ou dans d’autres États qui bafouent sans gêne les droits démocratiques, comme l’Arabie saoudite, l’Algérie ou le Vietnam.
Les diplomates frémiront d’horreur à cette idée. Leur tâche consiste au contraire à construire des ponts, à établir des dialogues, à trouver des compromis.
Ils nous font la guerre
Mais il n’y a rien de tout ceci à trouver avec des pays qui, sans le dire, nous ont déclaré la guerre.
La Russie et la Chine ont des ambitions de domination mondiale fondées sur une lecture revancharde de l’histoire.
Les dirigeants des pays musulmans fondamentalistes cherchent à établir une domination mondiale de l’islam.
Quant aux États-Unis, sous Donald Trump, ils désirent toujours annexer le Canada.
Évidemment, dans ce dernier cas, réduire les liens diplomatiques pourrait être néfaste et ne devrait pas être appliqué immédiatement, tant qu’il restera aux États-Unis des dirigeants de bonne volonté qui ne partagent pas les délires de Trump.
Compter davantage sur soi-même
Mais pour le reste, le Canada et le Québec seront de plus en plus obligés de compter sur eux-mêmes et sur quelques solides alliés.
Parmi ces alliés se trouvent presque tous les pays européens ainsi que, notamment, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie et quelques pays sous l’emprise d’un autoritarisme faible.
Par conséquent, les liens politiques, économiques et culturels avec les autres pays devraient être réduits, et ces pays ne devraient plus bénéficier de politiques favorables.
Il est grand temps que la politique étrangère du Québec et du Canada se réconcilie avec les principes fondateurs de leur démocratie.
Traiter sur un pied d’égalité les pays démocratiques et les autres régimes envoie un très mauvais signal aux immigrants récents. À terme, une telle politique menace la démocratie au Québec et au Canada.