Changer d’air: beaucoup de chevreuils aux îles de Boucherville

Alain Demers
Il fallait vraiment vouloir me rendre au parc national des Îles-de-Boucherville, en partance de Montréal et de l’A-25, pour ne pas perdre patience dans le labyrinthe de bretelles menant au tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, formé par les nombreux travaux en cours.
Assisté tant bien que mal par mon GPS, je me suis retrouvé sur la Rive-Sud pour ensuite revenir en sens inverse et prendre la sortie menant au parc national. L’accès est vraiment plus facile à partir de la Rive-Sud.

Tout un phénomène !
Pourquoi tenais-je tant à y aller ? Parce qu’il se passe un phénomène unique avec les chevreuils, cerfs de Virginie de leur vrai nom. Selon les inventaires aériens de l’hiver dernier, la concentration a atteint 40 têtes au kilomètre carré, soit presque quatre fois plus qu’en 2011.
C’est aussi deux fois plus qu’à l’île d’Anticosti, au plus fort de l’abondance des cerfs.
Sur les sentiers
Quand ma fille était encore une enfant, il y a une dizaine d’années, je me rendais souvent au parc parce que j’étais certain de lui montrer des chevreuils, surtout en fin d’après-midi quand ils sont plus actifs.
Nous empruntions les sentiers rustiques comme le Grand-Duc et la Grande-Rivière sur l’île Sainte-Marguerite, ce que j’ai fait tout récemment. S’il est toujours agréable d’y croiser des chevreuils, on constate en observant attentivement qu’il y a peu de repousses d’arbres au sol, résultat d’un broutage intensif.

Mieux comprendre la nature
Près de la voie de desserte, peu après être entré dans le parc, un exclos dans un champ fait une éloquente démonstration du broutage excessif des cerfs. Il s’agit d’un espace clôturé dans lequel une végétation arbustive a pu pousser, car elle ne pouvait pas être mangée par les cerfs.
Bref, la surabondance des cervidés détruit graduellement leur milieu naturel et celui d’autres espèces.
Pour qu’il ait un juste équilibre, la densité idéale a été estimée à cinq têtes au kilomètre carré par les spécialistes de la faune. Il y en a huit fois plus. La Sépaq a d’ailleurs annoncé la préparation d’un plan d’intervention pour protéger le milieu naturel, ce qui nécessitera un contrôle du cheptel dans un avenir rapproché. Lors d’une randonnée, observer ces bêtes et leur habitat peut devenir une leçon d’écologie.
Parc national des Îles-de-Boucherville
- Îles : 5
- Population de chevreuils : plus de 400 (selon l’inventaire hivernal 2022-2023)
- Densité : 40 têtes/km2
- Sentiers rustiques : 15 km
- Droits d’accès (taxes incluses) : 9,55 $ par adulte, gratuit pour les enfants (17 ans et moins)
- Réservation en ligne recommandée
- sepaq.com
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♦ Alain Demers est l’auteur du livre Redécouvrir le Québec : 101 destinations, publié aux Éditions du Journal.