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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Changement de cap sur la crise du logement: il faut féliciter France-Élaine Duranceau et le gouvernement Legault

Photo d’archives DIDIER DEBUSSCHERE
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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2024-05-24T04:00:00Z
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Il arrive parfois que la politique contredise la physique. 

Il arrive qu’on puisse, dans un même geste, reculer tout en avançant.

Voilà comment on pourrait résumer l’annonce audacieuse de France-Élaine Duranceau d’imposer un moratoire de trois ans sur les évictions, et de bonifier la protection pour les aînés à faible revenu de 65 ans et plus.

Pour les locataires, pour qui le statu quo donne l’impression d’une noyade, il s’agit d’une bouée.

Et pour la ministre, d’une décision courageuse.

Partir de loin sur la crise du logement

Le gouvernement Legault part de loin en habitation. Il y a un an, le PM et la ministre Duranceau y allaient de déclarations qui symbolisaient une déconnexion déconcertante du réel et un gouvernement de propriétaires.

Le PM affirmait que le prix des maisons était la preuve d’une bonne santé économique et qu’il ne voulait pas que le Québec «reste pauvre», tandis que la ministre conseillait aux locataires voulant céder leur bail, d’«investir en immobilier».

Questionnés, les caquistes n’avaient que le mot «construire» en bouche. Ce n’est pas qu’ils avaient tort, mais on avait parfois envie de leur demander: et les gens qui habitent dans ce qui est construit, eux?

Il se dégageait une forme d’impuissance. Une impuissance auto-infligée.

L’habitation était uniquement vue comme un marché, jamais comme un facteur d’appauvrissement ou un droit. Et bousculer le marché pour protéger les locataires? Impensable.

Les locataires n’avaient qu’à attendre que la crise se fasse.

L'annonce de la ministre Duranceau est un aveu. C'est la première fois que la CAQ intervient franchement, en reconnaissant un marché en déséquilibre, au profit des propriétaires.

L’évolution de France-Élaine Duranceau

La ministre affirme qu’elle «a évolué». Certains lui reprochent le fait que ses annonces auraient dû être faites il y a longtemps.

Peut-être, mais il est rare que des politiciens admettent une pensée qui évolue.

Constater une nouvelle réalité, y réfléchir, changer de position et apporter des changements dans la loi sont, à mon sens, un signe d’humilité et de bonne gouvernance. C’est pour cela qu’il y a lieu de féliciter la ministre Duranceau.

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