Chalet familial: rêve ou cauchemar financier?

Ghislain Larochelle
Racheter le chalet familial semble être un geste d’amour et de mémoire. Mais, entre l’hypothèque qui s’allonge, les frais cachés et les tensions possibles entre héritiers, ce rêve pourrait vite vous coûter très cher. Voici les erreurs à éviter avant de signer.
Face à la hausse vertigineuse des prix dans des régions prisées comme les Laurentides, Charlevoix ou Lanaudière, l’acquisition d’un chalet familial semble à beaucoup être la dernière chance d’accéder à une propriété au bord de l’eau. Les statistiques de Royal LePage révèlent qu’en 2025, le prix médian d’un chalet au Québec atteindra 460 000$. Pour une propriété riveraine, il faut souvent prévoir un supplément entre 100 000 et 200 000 dollars.
Entre attachement et surcharge
C’est précisément le cas d’Amélie, mère de trois enfants, à qui son père propose de racheter le chalet familial pour 200 000$ alors que sa valeur marchande avoisine les 275 000$. L’offre semble alléchante. Mais, une fois les chiffres posés, elle réalise que ce projet ajouterait une charge mensuelle de 1400$ à leur budget familial. Résultat: plus de marge pour les REEE, les vacances ou les imprévus.
Comme beaucoup de Québécois, Amélie tient à préserver ce lieu chargé de souvenirs. Mais elle peine déjà à joindre les deux bouts.
Coûteux à long terme
Ce n’est pas tant le prix d’achat qui inquiète, mais les frais récurrents qu’un chalet implique: taxes foncières, entretien saisonnier, chauffage, assurance, réparations... Pour un chalet de 275 000$, les coûts d’entretien annuels peuvent facilement atteindre entre 2000 et 6000$.
Refinancer sa résidence principale pour acheter un chalet allongera l’hypothèque de plusieurs années et augmentera aussi les versements mensuels d’environ 1170$.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Comment rentabiliser l’achat?
Dans certains cas, un chalet peut devenir un investissement. La location à court terme via Airbnb ou WeChalet permet de générer des revenus. Mais cela exige du temps, une bonne gestion et la conformité aux règles municipales.
Une autre avenue: la gestion locative professionnelle. En déléguant la location et l’entretien à une entreprise spécialisée, le propriétaire peut alléger sa charge mentale tout en conservant une source de revenus. Cette formule sera particulièrement utile si le chalet est situé loin de la résidence principale.
Une solution plus familiale consiste à acheter le chalet à plusieurs, entre frères, sœurs ou cousins. Ce modèle de copropriété peut réduire les coûts et permettre une utilisation tournante. Mais attention: une entente formelle, rédigée par un notaire, est essentielle pour éviter les conflits liés à l’usage, aux réparations et à une éventuelle revente.
L’usure du temps et des émotions
Les chalets hérités sont souvent anciens et peu conformes aux normes environnementales. Une mise aux normes d’une fosse septique peut coûter entre 15 000 et 30 000$. À cela s’ajoutent parfois des réparations urgentes: toiture, fenêtres, chauffage...
Enfin, ce type d’acquisition engage sur le long terme. L’enthousiasme des premiers étés peut s’effriter avec les années, transformant ce qui devait être un plaisir en fardeau.
Avant de s’engager...
Le rachat d’un chalet familial dépasse le geste sentimental. Il s’agit d’un engagement financier, logistique et émotionnel sur plusieurs années. Avant de s’engager, il est crucial de faire un bilan financier complet et de réfléchir aux options qui pourraient alléger ce fardeau.
Préserver le patrimoine familial est un objectif noble, mais il ne doit pas se faire au détriment de votre stabilité économique ou de votre qualité de vie. Avec une approche structurée, un encadrement professionnel et une vision claire, il est possible de transformer cette acquisition en projet durable et profitable. Seriez-vous prêt à sacrifier votre liberté financière pour préserver les souvenirs de famille?
Conseils pratiques
- Faites une simulation financière avec un comptable afin de calculer les impacts à long terme dès maintenant.
- Étudiez le potentiel locatif: en vérifiant si votre municipalité permet les locations à court terme et si cette option est réellement rentable.
- Créez un budget fictif en simulant les dépenses du chalet pendant un an pour tester votre tolérance financière avant de vous engager.