Cette victime choquée de voir sortir de prison avant la fin de sa peine le massothérapeute qui l'a agressée en plein traitement

Elisa Cloutier
Victime d’une agression sexuelle lors d’un traitement de massothérapie, une femme de Québec est choquée et dit vivre «dans la crainte» de croiser son agresseur, sorti de prison en février dernier, cinq mois avant la fin de sa peine.
«Le processus [policier et judiciaire] a été plus long que la peine qu’il a reçue et en plus, il ne l’a pas fait au complet», s’insurge la jeune femme, aujourd’hui âgée de 23 ans.
En avril 2024, Nicolas Bourgouin, 30 ans, alors massothérapeute dans une clinique de Cap-Rouge, a été condamné à 15 mois de prison pour agression sexuelle.
Il a eu droit à sa libération conditionnelle le 15 février dernier, soit 9 mois et 27 jours plus tard.

La Commission québécoise des libérations conditionnelles établit qu’un contrevenant qui a respecté les règlements de l’établissement de détention peut mériter une réduction de peine et être libéré aux deux tiers.
Bourgouin aurait par ailleurs pu bénéficier d’une libération conditionnelle avant les deux tiers de sa peine, mais la Commission confirme qu’il y a renoncé.
La victime, que l’on ne peut nommer en raison d’une ordonnance de la cour, dit être dans l’incompréhension.
Lors de sa condamnation, le juge Steve Magnan avait en effet souligné un risque de récidive «au-dessus de la moyenne», alors que l’homme présentait une «certaine rancune et [une] hostilité envers les femmes».
Premier massage
Les faits remontent à mars 2022, alors que Charlotte (nom fictif) se rendait à son tout premier traitement de massothérapie à vie pour régler des douleurs au dos.
Le début du traitement se déroule alors «normalement», mais à mi-chemin, la situation «dégénère» lorsqu’il touche, puis masse les seins de la jeune femme.
«Il me demande si j’ai un chum, je réponds que non. Ensuite, il me demande si j’ai un fuckfriend, j’ignore la question, je ne bouge plus», décrit-elle.
«J’ai figé complètement. J’attendais, j’espérais que ça finisse», dit-elle, la voix nouée en repensant à ces pénibles souvenirs.

Quelques minutes plus tard, Bourgouin se dirige vers son entre-jambes. «Je sentais le contact de ses doigts sur mon sous-vêtement, puis ensuite sur ma peau. Le contact devient ensuite sur mes parties génitales à 100% et il met ensuite un doigt dans mon vagin», détaille-t-elle avant de fondre en larmes.
Dès sa sortie de la clinique, Charlotte contacte les policiers, qui se rendent immédiatement sur les lieux pour prendre sa déposition.
En colère
Depuis les évènements, Charlotte confie qu’elle ressent encore beaucoup de colère.
«Il s’est passé au moins deux ans sans que je ne veuille de contact physique de quelconque façon, à refuser des traitements médicaux, même si j’avais des douleurs physiques tellement mon corps était tendu», décrit-elle.
Joint par Le Journal, Nicolas Bourgouin a refusé de faire une déclaration, mais il a précisé qu’il ne pratique plus la massothérapie et n’habite plus la ville de Québec.
- Avec la collaboration de Pierre-Paul Biron