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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Rénovictions: cette étoile montante de l’immobilier sévèrement rabrouée par un juge

Philippe Foisy, qui se vante de privilégier une approche humaine, aurait harcelé des locataires pour les forcer à partir

Philippe Foisy, un investisseur immobilier, se vante de gérer 600 portes à Montréal et sur la Rive-Sud.
Philippe Foisy, un investisseur immobilier, se vante de gérer 600 portes à Montréal et sur la Rive-Sud. Photo tirée du compte Facebook de Philippe Foisy
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Photo portrait de Jean-François Cloutier

Jean-François Cloutier

2025-04-23T04:00:00Z
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Une étoile montante de l’immobilier dans la région de Montréal vient de se faire rabrouer par un juge pour avoir harcelé des locataires afin de les forcer à quitter leur logement dans le but de doubler le loyer.

Philippe Foisy, un actuaire qui donne des formations et qui se vante de gérer 600 portes à Montréal et sur la Rive-Sud, vient d’en manger toute une au Tribunal administratif du logement (TAL).

Ce dernier se vante pourtant, dans des entrevues médiatiques, de privilégier une approche humaine et sociale en immobilier.

Or, la réalité est tout autre, selon le juge administratif Robin-Martial Guay. Il a condamné l’entreprise à numéro de Foisy à verser 24 000$ à deux locataires, à qui elle a fait vivre du stress, de l’insomnie, de l’anxiété et de l’angoisse.

Une de ces deux locataires, Selena Fortier, est une jeune humoriste de la relève qui a déjà fait un numéro sur les rénovictions.

«On est tellement fières de nous être tenues debout. On espère que ça en encouragera d’autres à faire valoir leurs droits», s’est-elle réjouie en entrevue. Elle a tout de même décrit comme extrêmement stressant et chronophage le processus judiciaire. «Ce que j’obtiens, c’est moins que le salaire minimum si je compte toutes les heures que j’ai mises là-dedans.»

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Selena Fortier, une jeune humoriste de la relève, a été victime d’une tentative de rénoviction à Longueuil.
Selena Fortier, une jeune humoriste de la relève, a été victime d’une tentative de rénoviction à Longueuil. Photo Ben Pelosse

«Le tribunal ne peut que conclure à l’existence d’une stratégie d’optimisation des logements et de l’immeuble minutieusement élaborée par le locateur en vue d’obtenir par la crainte, la peur et la séduction, que les locataires quittent leur logement», a établi le TAL dans une décision datée du 8 avril.

Peu de temps après avoir fait l’acquisition d’un immeuble de huit logements dans le Vieux-Longueuil, en 2021, l’entreprise de Foisy a tout mis en œuvre pour convaincre les locataires que l’immeuble était dans un état tellement lamentable qu’il nécessitait leur départ définitif.

Doubler le loyer

Les deux femmes payaient 710 et 740$ de loyer mensuel, mais Foisy voulait faire doubler un loyer dans l’immeuble à 1500$ par mois, selon un témoignage cité par le juge.

«La preuve révèle qu’il n’existait aucun rapport d’expert au temps des menaces et du danger annoncé aux locataires pour leur santé ni plus tard», souligne le juge.

Par la suite, le propriétaire aurait utilisé une série d’autres moyens pour faire la vie dure aux locataires (voir encadré).

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Amie du secondaire trompée

Le juge s’indigne aussi que le frère de Foisy, Gabriel Lachance Foisy, aussi impliqué dans l’entreprise, ait instrumentalisé une relation d’amitié remontant au secondaire avec une des locataires dans l’immeuble. Il l’aurait faussement rassurée avant de chercher à l’isoler des autres locataires.

«Après tout, une société à but lucratif n’a pas d’amis; uniquement des intérêts», remarque caustiquement le juge à ce sujet.

Malgré la décision qui vient d’être rendue, le juge note que la firme de Foisy a été en mesure de générer un juteux gain en capital de 320 000$ en seulement 11 mois avec l’immeuble. La propriété a été en effet revendue en 2022, après le départ de quatre locataires.

« Nous croyons que dans les circonstances, il y a eu des erreurs commises de chaque côté (propriétaires et locataires) [...]. Nous devons spécifier que nous ne sommes pas en accord avec la conclusion du juge dans sa décision finale mais qu’en tant que citoyens responsables et respectant le processus de justice en place, nous allons bien sûr respecter cette décision », a réagi à la décision Philippe Foisy, dans un courriel envoyé au Journal en soirée. 

CE QUI LUI A ÉTÉ REPROCHÉ

  • Campagne de peur: «Le représentant du locateur suscite sciemment la crainte et la peur chez les locataires pour leur santé et leur sécurité en raison de la présence annoncée de moisissures dans tout l’immeuble alors qu’il ne détient aucune donnée objective», lit-on dans la décision.
  • Entretien non effectué: «Il faudra que la locataire expédie une lettre de mise en demeure au locateur [...] pour obtenir qu’il envoie quelqu’un pour le remplacement des ampoules.»
  • Propriétaire caché: «Non seulement son serveur de courriel indique qu’il n’envoie pas d’accusé de réception à nos courriels, [...] l’adresse postale qu’il fournit est incomplète en ce que ni le numéro de la suite ni la ville ni le code postal ne sont indiqués sur les documents qu’il envoie aux locataires, pas même sur son formulaire d’avis d’augmentation de loyer.»
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