Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Cette employée du CHUM ne peut pas prendre sa retraite parce qu’elle attend un chèque de 30 000$, et elle n'est pas la seule

Plus de 40 000 femmes attendent leur chèque d’équité salariale, parfois jusqu’à 60 000$

Photo Héloïse Archambault
Partager
Photo portrait de Héloïse Archambault

Héloïse Archambault

2025-01-29T05:00:00Z
Partager

Des employées du réseau de la santé admissibles à la retraite doivent reporter leur départ parce qu’elles attendent depuis trois mois un chèque d’équité salariale, qui peut atteindre 60 000$.

«J’étire, j’étire. Mais ça ne me tente plus. Je suis fatiguée! déplore Chantal Lizotte. Ma vie est en attente. Je ne peux pas m’en aller!»

Cette adjointe administrative travaille au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) depuis 1990. Normalement, elle devait prendre sa retraite en novembre dernier.

Or, la femme de 59 ans attend toujours un chèque d’équité salariale négocié l’an dernier avec le gouvernement. Elle devrait obtenir environ 30 000$.

«On veut juste s’en aller!»

«J’espère avoir ce montant-là rapidement. Mais ils ont l’air de s’en foutre», rage l’employée qui gagne 50 000$ par an. «On veut prendre notre retraite, on veut juste s’en aller!»

Photo Héloïse Archambault
Photo Héloïse Archambault

Les montants rétroactifs négociés (qui remontent à 2010) visent 41 000 travailleuses du réseau de la santé (adjointes administratives, secrétaires, acheteuses) partout au Québec, selon le syndicat FSSS-CSN. Au CHUM, les employées recevront de 3000$ à 60 000$. Elles devaient être payées le 31 octobre dernier. 

Et depuis, elles attendent. Si Mme Lizotte quitte son emploi avant de recevoir son chèque, elle craint de devoir patienter encore plus longtemps.

Publicité

«Si tu débarques du réseau, tu n’es plus priorisé. Et là, on ne connaît pas les délais», dit-elle, ajoutant que l’ajustement du montant de sa pension pourrait aussi être retardé. 

Des problèmes qui rappellent Phénix

Plus de 120 000 employés du réseau attendent encore des montants pour des primes diverses et des rétroactions négociées en 2024. 

Tous ces problèmes rappellent le bordel du système de paie Phénix du gouvernement fédéral. Durant des années, des employés n'étaient pas payés correctement.

Par courriel, Santé Québec explique que les compagnies privées qui gèrent les paies (Logibec et Medisolutions) ne fournissent pas à la demande avec tous les ajustements négociés lors de la dernière convention collective et l’arrimage de l'agence comme employeur unique. 

«La désuétude des systèmes de paie actuels et la grande complexité des conventions collectives rendent impossible le recours à d’autres fournisseurs externes pour accélérer les travaux», écrit-on.

Achat de voitures, rénovations de domicile, voyages: plusieurs travailleurs se retrouvent endettés parce qu’ils comptaient sur cet argent depuis l'automne dernier.

«Il y a beaucoup de grogne, avoue Carole Duperré, vice-présidente secteur public du syndicat FSSS-CSN. On n’a pas de réponse à nos questions. On n’a pas de calendrier. C’est vraiment problématique.»
COURTOISIE (FSSS-CSN)
COURTOISIE (FSSS-CSN)

Aux dernières nouvelles, le syndicat s’est fait dire que les montants seront payés ce printemps.

Publicité

«Mais, ils n’ont pas dit quelle année! blague Mme Lizotte. C’est rendu qu’on fait de l’ironie, c’est dégueulasse. On ne leur fait plus confiance.»

Dans tous les cas, Mme Lizotte prendra sa retraite en novembre prochain.

«Réglé ou pas, je quitte, soutient la résidente de Terrebonne qui se tape trois heures de trafic par jour pour le travail. J’ai assez donné!»

Une employée au «bord de la faillite»

Une agente administrative de la Mauricie affirme être «au bord de la faillite», après avoir dû s’absenter durant près de trois mois en raison d’une chirurgie importante.

Avec seulement 55% de ses revenus couverts par l’assurance-salaire, elle comptait sur les 10 000$ à 12 000$ attendus pour le règlement concernant l’équité salariale pour couvrir le manque à gagner.

Entre le prix élevé de son loyer et les réparations imprévues sur sa voiture, la dame a finalement dû remplir deux cartes de crédit pour joindre les deux bouts. 

«Ça m’a plantée solide», confie celle qui a requis l’anonymat par crainte de nuire à son emploi.

- Patrick Bellerose

Exemples de primes non versées
  • Primes de soir, de nuit et de fin de semaine
  • Prime de tri de linge souillé
  • Prime de soins critiques
  • Prime versée au personnel de la catégorie 3 œuvrant au service de l’urgence
  • Prime centre jeunesse
  • Prime en résidence à assistance continue
  • Prime troubles graves du comportement
  • Prime de psychiatrie
  • Prime secteur des technologies de l’information

Source: CSN

Votre témoignage m'intéresse

Vous souhaitez dénoncer une situation dans le réseau de la santé?

Écrivez-moi à l'adresse

Publicité
Publicité