Cette candidate de téléréalité qui fait jaser s'exprime fermement sur la place de la femme dans la scène publique
Sarah-Maude De Rive
Personnalité forte dans Survivor Québec, puis aux Traîtres où elle compose un conclave qui demeure entièrement féminin, Audrey laisse sa marque à l'écran, et ça continue d'enflammer les discussions. Elle en a donc profité pour se prononcer une fois pour toutes sur le traitement injuste réservé aux femmes et aux minorités visibles dans les téléréalités.
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«Quand un homme dirige, il est stratège. Quand une femme le fait, elle "aboie"». C'est là ce qui résume les préjugés exprimés à propos d'Audrey Morissette et qui trouve souvent écho dans la perception des groupes minorisés affirmant leur présence dans nos télévisions et sur réseaux.
Elle souligne la couverture médiatique de sa présence aux traîtres, qui témoigne des biais qui vont trop souvent en sorte que dans les émissions de téléréalité, les hommes se retrouvent en position décisionnelle, et «les femmes, les personnes racisées, âgées ou LGBTQ+» sont malheureusement plus rapidement évincées. Elle précise toutefois qu'il reste du chemin à faire dans cette sphère, et utilise l'article d'Hugo Dumas à son endroit dans la presse pour mettre en lumière le double standard qui persiste:
«Cette prise de conscience, à la fois pertinente et nécessaire, reste parfois teintée d’ambivalence. L’article dénonce les biais de genre, mais dans mon cas, on semble encore hésiter entre la célébrer et la critiquer pour les mêmes raisons: ma forte présence, mon intensité, mon absence de filtre.»
«En me décrivant comme "aboyante" ou "exaspérante", tout en reconnaissant que je suis un personnage central et captivant, on illustre un biais persistant: les femmes qui prennent de la place sont souvent perçues comme excessives ou agaçantes, alors que des comportements similaires chez les hommes sont plus souvent valorisés et vus comme du leadership, de l’assurance et de la stratégie. D’ailleurs, l’expression de Mike qui me qualifie de "petit général des bécosses" est révélatrice. C’est à la fois moqueur et réducteur. On tolère le pouvoir féminin seulement s’il est désamorcé par le ridicule, ou ramené à quelque chose de "petit", d’inoffensif.»
«Même en reconnaissant que je suis un atout pour l’émission et un personnage fascinant, l’idée est encore présente qu’il faudrait "modérer" une femme trop intense pour qu’elle soit acceptable.»
Poursuivant ce plaidoyer juste et important, Audrey ajoute sous sa publication:
«Je ne prétends pas avoir toujours raison ni incarner un modèle parfait. Je comprends que mon intensité peut provoquer, que ma manière de jouer n’est pas douce. Mais j’ai choisi d’assumer pleinement un rôle qu’on voit rarement ici: celui de la vilaine stratégique. Un rôle qui, ailleurs dans le monde, est pourtant pleinement assumé et même célébré.»
«La réalité? Je ne prends pas trop de place, je prends la place qu’on n’ose pas toujours laisser aux femmes. Et c’est pour ça qu’on me regarde, qu’on en parle et qu’on s’en souviendra.»
Nombre de personnalités publiques ont manifesté leur accord et leur admiration envers les performances télévisuelles et les propos d'Audrey, qui scande haut et fort quelque chose qui méritait d'être clairement abordé — on applaudit sa manière de s'affirmer dans toute son authenticité, et d'envoyer promener ses détracteurs par le fait même!