Cet avocat génie de l’informatique a inventé un nouvel outil d’intelligence artificielle

Gabriel Côté
Un avocat montréalais féru d’informatique a développé lui-même le système d’intelligence artificielle du cabinet pour lequel il travaille, une solution à meilleur coût et bien plus sécuritaire que les modèles connus comme ChatGPT.
«L’idée était de se créer des garde-fous», résume Gaspard Petit, qui travaille au cabinet Lavery, à Montréal.
Avant de poursuivre une carrière d’avocat en propriété intellectuelle, M. Petit a eu une autre vie comme ingénieur logiciel, d’où sa virtuosité avec les ordinateurs.

Lorsque ChatGPT a pris le monde d’assaut, il y a quelques années, le passé de l’avocat l’a rattrapé.
«Dans un domaine comme le nôtre où il faut éplucher beaucoup de documents et repérer des informations, l’intelligence artificielle est très commode, mais elle n’est pas sans risque, explique M. Petit. Il fallait trouver une solution pour en encadrer l’utilisation.»
Éviter les dérapages
Ses patrons lui ont donc donné le feu vert afin qu’il consacre quelques heures par semaine pour développer un outil d’intelligence artificielle qui réponde aux besoins du cabinet. Il fallait d’une part que cet outil soit efficace, mais surtout il fallait éviter que des informations des clients se retrouvent en ligne par accident.
«Dans les dernières années, il y a eu plusieurs catastrophes de ce genre à travers le monde. Des entreprises ont communiqué des secrets commerciaux dans l’IA, et quelques mois plus tard, ça faisait partie de leur modèle d’entraînement ou ça se retrouvait dans les recherches d’autres utilisateurs», explique Gaspard Petit.
En l’espace de quelques mois, l’outil était créé et fonctionnel. Il s’agit d’une sorte de ChatGPT spécialisé pour les avocats, qui ne transmet aucune information à l’extérieur.
«Des modèles du genre existent, mais ils ne sont pas encore assez avancés pour nos besoins», indique M. Petit.
Moins onéreux
Bien des entreprises gagneraient à adopter cette même approche et à développer à l’interne des outils parfaitement adaptés à leurs besoins, plutôt que de se rabattre sur les solutions commerciales existantes.
Chez Lavery, le projet a nécessité entre 400 et 500 heures de travail, et le cabinet réalise désormais de grosses économies.
«Un utilisateur de notre solution nous coûte entre 1$ et 2$ par mois, alors qu’avec les plateformes commerciales, ça nous coûterait entre 20$ et 30$ par mois par utilisateur!» illustre M. Petit.
Dans tous les cas, les entreprises devront s’assurer de posséder à l’interne l’expertise nécessaire pour contrôler la qualité et la pertinence des outils technologiques qui seront utilisés.
«On s’en va vers une ère où on a de plus en plus d’outils pour faire des outils [...], on n’a plus nécessairement besoin d’être programmeur. Mais ça prend une expertise pour valider le travail de l’intelligence artificielle», déclare l’avocat.
«Ça, ça va être un gros enjeu dans les prochaines années», conclut-il.
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