Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

«Il n’y a pas de travail chez nous!»: cet anesthésiste doit parcourir 600 kilomètres pour travailler

Plus de la moitié des salles d'opération en Outaouais sont fermées cet été, faute de personnel au bloc opératoire

le Dr Trevor Hennessey, anesthésiste à l’hôpital de Gatineau, doit parcourir 600 km et aller à Roberval pour pouvoir travailler, faute de temps opératoire en Outaouais à cause de la pénurie de personnel. COURTOISIE (Dr Hennessey)
le Dr Trevor Hennessey, anesthésiste à l’hôpital de Gatineau, doit parcourir 600 km et aller à Roberval pour pouvoir travailler, faute de temps opératoire en Outaouais à cause de la pénurie de personnel. COURTOISIE (Dr Hennessey) Photo fournie par le Dr Trevor Hennessey
Partager
Photo portrait de Héloïse Archambault

Héloïse Archambault

2025-05-30T04:00:00Z
Partager

Un anesthésiste de l’Outaouais incapable de pratiquer dans sa région en raison de la pénurie de personnel au bloc opératoire est obligé de parcourir des centaines de kilomètres pour aller travailler au Saguenay, en Ontario et en Estrie, depuis l’an dernier.

«Il n’y a pas de travail chez nous!, déplore le Dr Trevor Hennessey, anesthésiste à l’hôpital de Gatineau. C’est complètement un désastre.»

Âgé de 49 ans, le médecin spécialiste travaille cette semaine à l’hôpital de Roberval, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il a parcouru plus de 600 kilomètres pour venir combler un poste vacant et reçoit une prime pour son déplacement. 

«Je travaille chaque jour, c’est agréable, se réjouit-il. Je suis médecin pour aider, je veux soigner la population.»

«Ma femme est un peu moins contente», avoue en riant le spécialiste qui pratique depuis 16 ans.

Photo fournie par le Dr Trevor Hennessey
Photo fournie par le Dr Trevor Hennessey
Un mois de congé forcé

Au cours des deux derniers mois, le Dr Hennessey a dû prendre quatre semaines de congé forcé en Outaouais, par manque de travail. 

Voilà des années que la pénurie de personnel frappe durement la région. Beaucoup d’infirmières préfèrent travailler en Ontario, où les conditions sont souvent meilleures. Avec ses 291 000 habitants, Gatineau est la quatrième ville en importance au Québec après Montréal, Québec et Laval.

Publicité

Actuellement, seulement sept salles d’opération sur 19 sont ouvertes en Outaouais, confirme le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais. Près de la moitié des postes d'infirmières dans les blocs opératoires sont vacants (37 sur 78). 

Cet été, seulement sept salles d’opération sur 19 seront ouvertes en Outaouais, en raison d'une pénurie de personnel
Cet été, seulement sept salles d’opération sur 19 seront ouvertes en Outaouais, en raison d'une pénurie de personnel Photo d'archives, Agence QMI

Selon le Dr Hennessey, il y a parfois aussi peu que cinq salles qui fonctionnent en semaine, faute de personnel infirmier. 

«Notre système est en train de mourir», constate-t-il, découragé devant un tel constat.

Les patients de l'Outaouais doivent aussi parfois parcourir des centaines de kilomètres pour obtenir des soins, notamment en plastie.

L’an dernier, l’anesthésiste originaire de la Colombie-Britannique s’est même procuré le permis pour travailler en Ontario. Il a ainsi pu opérer pendant six semaines à l’hôpital Montfort, à Ottawa. L’automne dernier, il s’est aussi rendu à Cowansville, en Estrie, durant une semaine.

«Je veux soutenir ma région, ma province, assure-t-il dans un français impeccable. Je veux rester dans ma région, mais si ça continue comme ça...»

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Ils veulent opérer plus

Quelques collègues du Dr Hennessey sont immigrants et ont un permis restrictif qui les empêche d’aller dans d’autres hôpitaux. Le spécialiste essaie donc de leur laisser la priorité en Outaouais.

«C’est moins stressant parce que ma maison est payée. Mais, mes jeunes collègues s’attendent à travailler. S’ils ont un ou deux jours opératoires par mois, ça ne marche pas», constate-t-il, ajoutant que plusieurs de ses collègues ont quitté la région, faute de travail.

Comme plusieurs confrères et consœurs, le Dr Hennessey est frustré devant les propos du ministre de la Santé, Christian Dubé, sur la performance des médecins. 

«C’est insultant qu’il pense que les médecins ne voient pas leurs patients après 16h le vendredi, c’est complètement ridicule», dit-il.

Votre témoignage m'intéresse

Vous souhaitez dénoncer une situation dans le réseau de la santé?

Écrivez-moi à l'adresse

Publicité
Publicité