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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

«C’est un sport un peu extrême qui m’amène un bonheur fou»: cet ancien toxicomane a délaissé l’héroïne pour le ski

L’homme au lourd passé a réussi à devenir heureux en faisant une croix pour de bon sur la drogue dure

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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-04-18T15:30:00Z
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Plonger les mains dans la terre, manger un sandwich avant d'aller au lit, apprécier la beauté du monde: des Québécois ont trouvé leur bonheur dans une panoplie de petites et grandes choses. Voici une série de témoignages pour vous inspirer.


Un ex-héroïnomane qui a vécu durant trois ans dans la rue à Montréal a réussi à trouver le bonheur avec le ski, lui permettant de vivre de vraies sensations fortes.

«Sans le ski, je ne suis pas sûr que je serais si heureux parce que ça m’aide à garder mon équilibre», confie d'une voix posée Chad Badger, coordonnateur du centre de jour de l’organisme Point de Rue, à Trois-Rivières.

«Je n’ai pas hâte que le printemps finisse, pour en faire le plus longtemps possible, ajoute l’homme de 48 ans, qui a dû bûcher pour retrouver la lumière dans la vie. On ne parle jamais du monde qui s’en sort. On ne les voit jamais».

Amateur de descentes vertigineuses, il aime particulièrement la station d'Owl's Head, en Estrie.

«Ce que j’aime, c’est de repousser les limites, d’avoir ce buzz-là», partage le Trifluvien, qui avait essayé le ski quand il était petit, mais n’avait jamais pu en refaire par la suite, faute de moyens financiers.

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Chad Badger au mont Owl's Head
Chad Badger au mont Owl's Head Photo fournie par Chad Badger

Cet homme revient de loin. À l’école, ça n’allait pas. 

«J’avais beaucoup de haine envers le système. Je haïssais la vie pour mourir», souffle-t-il.

À l’adolescence, il s’est mis à consommer plusieurs substances et est tombé dans le piège de l’héroïne. Même si sa famille était là pour lui, il n’arrivait pas à sortir de la drogue.

«Une fois, j’ai fait une surdose d’héroïne dans le char avec deux amis. Ils m’ont pitché en dehors en roulant. Ils pensaient que j’étais mort. Ils ont eu la chienne», se souvient-il.

Destination Madagascar 

Après cet épisode, Chad Badger, 22 ans, a eu une première prise de conscience. Il a ensuite décroché un boulot de concierge à Point de Rue, qu’il fréquentait de temps à autre.

De fil en aiguille, on lui a demandé s’il voulait participer à une mission à Madagascar auprès des enfants qui vivent dans la rue. À l’époque, l'homme de 28 ans consommait encore. Il croulait sous les contraventions impayées. 

Une fois en Afrique, une flamme s’est rallumée en lui, alors qu’il jonglait et s’amusait avec les enfants.

Chad Badger, à Madagascar en 2007, dans la capitale d’Antananarivo.
Chad Badger, à Madagascar en 2007, dans la capitale d’Antananarivo. Photo fournie par Chad Badger

«Il n’y avait pas de regard négatif. J’étais juste vu comme un humain, souligne-t-il. Ça m’a donné confiance. C’est une période qui a changé ma vie. Pour une fois, je pouvais dire que j’étais heureux.»

«Des liens cassés»

Aujourd’hui, Chad Badger gagne bien sa vie. Il a une blonde et vit le parfait bonheur.

«Le monde de la rue, c’est beaucoup des liens cassés. Nous autres, à Point de Rue, on veut créer de vrais liens», explique celui qui a trouvé un sens à sa vie dans l’entraide.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Et comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, M. Badger a maintenant l'argent pour renouer avec son sport préféré, le ski, qui est devenu une véritable passion.

«J’ai les moyens d’en faire chaque fin de semaine et de m’acheter l’équipement. S’il n’y avait pas de ski, peut-être qu’il y aurait des bouts plus durs», conclut-il.

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