«C’est un signal d’alarme qui nous est envoyé»: la ministre Fréchette prend au sérieux la menace de Trump de taxer les films étrangers

Maxime Demers
L’industrie cinématographique québécoise est sur le qui-vive depuis que Donald Trump menace d’imposer des tarifs de 100% aux films produits à l’extérieur des États-Unis. Une rencontre d’urgence a même été organisée avec la ministre Christine Fréchette dans les studios MELS, en fin de journée lundi.
À son initiative, la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a passé environ une heure avec le président des studios MELS, Patrick Jutras, et le grand patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, pour tenter de comprendre l’impact que pourrait avoir une telle décision sur l’industrie cinématographique québécoise.
«C’est un secteur qu’on va tenir à protéger parce qu’il y a une expertise importante, a indiqué la ministre Fréchette après la rencontre.
«Il y a 61 000 personnes qui travaillent dans le domaine cinématographique ou télévisuel. C’est un secteur stratégique et d’importance qu’on va avoir à l’œil.»
Patrick Jutras souligne que tout le milieu du cinéma mondial a été sonné par l’annonce de Trump dimanche soir. Personne ne sait encore si ces menaces seront mises à exécution, et si c’est le cas, comment ces tarifs seront appliqués.
«J’ai discuté avec plusieurs partenaires américains et il y a beaucoup d’incompréhensions sur la procédure et sur ce que ça veut dire, un film étranger», note M. Jutras.
«Il n’y a pas de décret, alors on ne sait pas encore si ça va prendre forme réellement, ajoute la ministre Fréchette. Il y a encore beaucoup d’inconnu, mais c’est un signal d’alarme qui nous est envoyé et qu’on va surveiller attentivement.
«On va essayer de convaincre le président Trump de faire marche arrière s’il a la volonté d’aller de l’avant, et on va également convaincre le premier ministre Carney que la culture est un secteur à protéger.»
Des tournages déjà au ralenti

Cette menace tombe à un bien mauvais moment pour le milieu du cinéma. L’industrie des tournages américains au Québec traversait déjà une période de ralentissement depuis quelques mois. Patrick Jutras craint que le climat d’incertitude qui pourrait s’installer après cette annonce vienne refroidir les discussions avec de potentiels nouveaux partenaires américains.
«On a trois productions qui sont ici présentement et il faut les rassurer. Si les tarifs sont éventuellement mis en place, ça ne va pas arriver demain.»
Pierre Karl Péladeau rappelle que le Québec a développé une expertise qui est reconnue mondialement, autant sur le plan des tournages que de la post-production, du son et des effets visuels.
«Si les grandes productions viennent ici à Montréal et au Québec, ce n’est pas parce qu’on a des beaux yeux, insiste-t-il. C’est parce que nous avons développé cette compétence [dont] nous sommes en mesure de faire bénéficier aussi toutes les productions locales. On parle d’un écosystème qui représente plus de 60 000 emplois et toutes sortes d’activités. Je pense que c’est ça qu’on doit protéger et sur quoi on doit continuer à travailler pour assurer la pérennité de notre industrie.»