«C’est un cauchemar que je fais depuis que je suis tout jeune»: deux autres victimes de Sylvain Taillefer témoignent

Guillaume Cotnoir-Lacroix
Le procès de Sylvain Taillefer en lien avec de multiples crimes sexuels se poursuivait aujourd'hui pour une troisième journée. Les trois membres d'une fratrie qui auraient été des victimes de l'accusé ont complété leurs témoignages aujourd'hui.
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Mardi après-midi et mercredi matin, l’aîné d’une fratrie de trois hommes a témoigné avoir été la cible de sévices sexuels de la part de Sylvain Taillefer à de nombreuses reprises dans les années 1990.
Il avait rencontré l’accusé en cinquième année du primaire, dans le cadre d’une sortie scolaire sportive à l’Université de Sherbrooke. Sylvain Taillefer y était, selon son récit, à titre de moniteur.
Lentement, l’accusé aurait tissé sa toile autour de la jeune victime en agissant comme un grand frère, en plus de gagner la confiance de ses parents, qui l’ont laissé seul avec lui dans les mois suivants. Il s’agit du premier homme à avoir pris la décision de porter plainte contre l’accusé en janvier 2024.
«Ça prend beaucoup de courage et j’ai l’impression que ça en a donné à d’autres personnes se sentant moins seules de vouloir s’impliquer dans le processus judiciaire», a salué la procureure de la Couronne, Laïla Belgharras, en mêlée de presse.
Mercredi matin, l’un des frères de cette victime a témoigné à son tour. Il a raconté avoir accompagné Sylvain Taillefer à un concert à Montréal en 1993 parce que son grand frère ne pouvait y aller.
Après l’événement, l’accusé aurait décidé d’amener le garçon dormir chez lui à Sherbrooke plutôt que d’aller le porter chez ses parents dans une autre ville.
La jeune victime de 13 ans aurait été réveillée en pleine nuit par une fellation que lui faisait l’accusé, une scène qui aurait duré de dix à quinze minutes, jusqu’à éjaculation.
«J’étais enragé, a dit l’accusé. J’essaie de lui donner des coups, mais je suis tellement petit. Je suis enragé, je vois noir [...] Il essayait de me convaincre de me taire pour éviter de réveiller sa colocataire qui dormait en haut», a témoigné l’homme aujourd’hui âgé dans la quarantaine.
Puis, ce fut au tour du troisième et dernier frère de cette famille de prendre la barre des témoins, cet après-midi. Il a expliqué vouloir être «comme ses frères» et lui aussi avoir droit à une fin de semaine avec Sylvain Taillefer, qui agissait selon lui comme un «grand frère» au sein de la famille. Son père lui aurait accordé cette permission.
À Sherbrooke, après une journée de sport, il aurait dormi chez l’accusé, dans le même lit que lui. Il se serait réveillé le matin avec la main de l’accusé fermement empoignée sur ses parties génitales. Selon son récit, l’accusé dormait à ce moment.
«Ça été un des cauchemars que je fais depuis que je suis jeune. J’ai toujours pensé que c’était un cauchemar, mais c’est lui qui respirait en arrière de moi», raconte-t-il.
Ce troisième membre de la famille, le plus jeune des trois frères, a craint pendant de nombreuses années de livrer son récit. Il a finalement choisi de porter plainte lorsque son frère aîné a décidé de le faire.
«J’étais content quand mon frère a décidé de le faire. Que la personne qui a fait les mauvais gestes paie. Un enfant n’a pas d’affaire à subir ça», a-t-il déclaré d'un ton ferme en salle d’audience.
La Couronne doit faire entendre dès demain une autre fratrie composée de deux frères. La défense avait aussi annoncé ses intentions en début de semaine et compte aussi appeler à la barre deux témoins.