«C’est totalement incompréhensible»: le producteur Roger Frappier fustige la décision de Trump de taxer les films étrangers

Selon le producteur québécois Roger Frappier, Donald Trump a pris de court toute l’industrie du cinéma mondiale en annonçant dimanche soir son intention d’imposer des tarifs de 100% aux films produits à l’extérieur des États-Unis.

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«Il n’a parlé à personne à Hollywood avant de faire cette annonce et tous les chefs de studios sont tombés sur le cul», indique M. Frappier en entrevue au Journal.

«Selon le Wall Street Journal, les studios ont organisé des réunions d’urgence tard dimanche soir. Personne n’avait vu ça venir. Je ne sais pas pourquoi il fait ça. C’est totalement incompréhensible.»

Sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a justifié sa décision en plaidant que l’industrie cinématographique américaine «est en train de mourir» et que «Hollywood et d’autres régions des États-Unis sont dévastées».

Roger Frappier, qui a été nommé aux Oscars il y a trois ans pour le film Le pouvoir du chien, ne croit pas que l’industrie du cinéma américain est au bord de l’agonie comme le prétend Trump. Au contraire, elle se porte très bien, selon lui.

«Il n’y a pas de crise, assure le producteur du Déclin de l’empire américain et de La grande séduction.

«Mais comme Hollywood a été complètement derrière Kamala Harris et le Parti démocrate pendant la dernière campagne électorale, il leur envoie ça. Je pense que c’est sa revanche.»

«Il ne faut pas sous-estimer non plus son désir maladif d’être le centre de l’univers et son sens du timing. Il fait ça une semaine avant Cannes, alors il s’assure que pendant les dix jours du festival, tout le monde ne va parler que de lui là-bas.»

«Comment ça va fonctionner?»

Comme tout le monde, Roger Frappier se demande comment des droits de douane de 100% peuvent être appliqués sur des films.

«Un film, ce n’est pas un bien, c’est un service, rappelle le producteur. 

«Prenons Legendary Pictures, la maison de production des films Dune de Denis Villeneuve. Denis a tourné ces films-là en Jordanie et en Hongrie et il a fait des effets spéciaux à Montréal et à Londres. Il a fait le mixage et la musique aux États-Unis. Ils vont le taxer comment? Un film, c’est intangible. Personne ne sait comment ça va fonctionner. Mais tout le monde sait que c’est extrêmement négatif pour toute l’industrie cinématographique.»

Comme rapporté dans Le Journal lundi matin, l’annonce de Trump inquiète particulièrement l’industrie cinématographique québécoise, qui accueille régulièrement des tournages américains. Cette décision pourrait entraîner la perte de milliers d’emplois et de dizaines de millions de dollars en retombées économiques au Québec.

«L’insécurité est un moteur et c’est possible que, dans le contexte actuel, des producteurs américains qui pensaient venir tourner chez nous cet été vont s’abstenir. C’est sûr que ça va avoir un impact sur l’industrie à Montréal», déplore Roger Frappier.

Les tournages étrangers au Québec:

• En 2023, les tournages étrangers ont généré des retombées économiques de 399 millions de dollars au Qubec
• 10 des 13 productions étrangères tournées au Québec cette année-là étaient américaines
• En 2023, l'industrie des effets visuels a généré des retombées économiques de 995 millions de dollars
• Près de 56 800 emplois directs et indirects ont été créés grâce à l'industrie de l'audiovisuel en 2023.

(Données fournies par le BCTQ).