«C’est seulement en Amérique que la stupidité ressort», dit l’Anglais Ian Poulter: des casques de réalité virtuelle pour préparer l’Europe aux insultes des fans à la Coupe Ryder
Les membres de l’équipe européenne ont porté des casques reproduisant les images, les bruits et l’atmosphère électrique du site


François-David Rouleau
FARMINGDALE, N.-Y. | «Je ne sais même pas par où commencer. Ce qu’on peut entendre, c’est de la merde et de la folie. Ce n’est pas du chahut. C’est juste une stupidité embarrassante et totale. On n’a pas ça à l’Omnium britannique ou n’importe où ailleurs. C’est seulement en Amérique que la stupidité ressort. C’est tellement ennuyeux.»
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Ces paroles sont celles de l’Anglais Ian Poulter dans le balado diffusé mardi de la chaîne YouTube «SPORTbible: Agree to Disagree». Elles reflètent son opinion sur l’atmosphère régnant dans un tournoi de la Coupe Ryder en sol américain, où les turbulences et les débordements sont plus propices qu’en Europe.
Poulter n’est pas un ange, loin de là. Au fil de ses sept présences dans la formation européenne et de ses 25 matchs, il en a fait, des frasques. Jusqu’à sa dernière aventure en 2021 à Whistling Straits, il était considéré comme l’un des piliers de la formation du Vieux Continent. Il marchait aussi directement dans les traces d’un futur capitaine.

Poulter ne figure pas sur la liste des assistants au capitaine Luke Donald cette semaine à Bethpage. N’empêche, sa feuille de route témoigne d’une expérience indéniable. À quatre reprises, il a disputé la prestigieuse compétition de la Coupe Ryder aux États-Unis. Il en a vu et entendu de toutes les couleurs.
On peut le croire. Car l’atmosphère électrique ne se limite pas aux chants patriotiques. Elle implique toutes les remarques, les cris et les conneries débités dans la foule qui vont bien au-delà des simples blagues.

Stratégie intéressante
Cet aperçu de son opinion des amateurs américains de golf explique une stratégie utilisée par Donald afin de préparer ses 12 hommes à la «foire» qui les attendra dès que la compétition se mettra en branle, vendredi matin.
Ils ont porté un casque de réalité virtuelle répliquant les images du parcours, l’énergie de la foule et l’atmosphère de la Coupe Ryder.

À quel point cette réalité virtuelle pouvait-elle s’approcher de la réalité ou la pousser à l’extrême?
«Vous ne voulez pas le savoir, ce ne serait pas pour publication», a plaisanté Rory McIlroy après un tournoi en Europe, le week-end dernier.
Jusqu’à l’os
«Quand je l’ai mis, on m’a demandé jusqu’où la réalité virtuelle pouvait être poussée. J’ai répondu de la pousser au maximum. Elle a simulé les images, les sons et les bruits. On va devoir jongler avec tout ça. C’est donc mieux de se désensibiliser avant de débarquer là-bas. Je voulais que la réalité virtuelle soit poussée jusqu’à l’os.»

C’est d’ailleurs jusque-là que l’intransigeant et turbulent public new-yorkais devrait se rendre. Il ne devrait pas se limiter à seulement se glisser sous la peau des 12 Européens.
«On peut se préparer de la meilleure façon avec ses casques virtuels, mais rien n’est plus réel que de se tenir sur le premier tertre le matin du premier jour de compétition, a expliqué celui qui représente l’Europe pour la huitième fois de sa carrière. Il faudra s’y habituer.»
À Bethpage, Donald explique que ses lunettes virtuelles étaient l’une des nombreuses stratégies de préparation. «C’était aussi destiné à préparer les joueurs qui n’ont aucune expérience d’une Coupe Ryder aux États-Unis.»
À cet égard, il en compte quatre.
«Ce qui rend ce tournoi amusant, c’est l’atmosphère et l’énergie, a-t-il ajouté. C’est un environnement que tu veux connaître et expérimenter, car rien ne peut l’égaler.
«Mes joueurs veulent relever ce défi. Ils carburent à ça. Ils sont prêts à entendre tous les bruits sur ce parcours.»

Attaques personnelles
Le vétéran de 45 ans aux six expériences du tournoi derrière la cravate, Justin Rose, s’est plu à expérimenter la réalité virtuelle. Sans la pousser à l’extrême comme son coéquipier McIlroy, il a «ressenti un aperçu de ce dont auront l’air les gradins remplis du premier tertre».
Dans l’autre clan, Justin Thomas n’a connu qu’une expérience de ses trois présences au tournoi chez lui. Il reconnaît que certaines paroles sont difficiles à entendre.

«On est tous dans le même bateau. C’est quand les paroles deviennent plus personnelles ou qu’elles visent nos familles qu’elles sont difficiles à accepter. Dans n’importe quel sport, on ne peut accepter d’entrer dans la vie personnelle ou manquer de respect.
«À la Coupe Ryder, jouer à domicile est un avantage. Il y a du bon et du mauvais. Il faut trouver un moyen aux amateurs de nous encourager positivement.»