C’est quoi la xylazine, la «drogue zombie» qui fait du chemin au Québec?


Gabriel Ouimet
La xylazine, aussi appelée «drogue zombie», est utilisée pour couper d’autres drogues à l’insu des consommateurs, les exposant à des conséquences potentiellement catastrophiques.
«Plus que jamais, les personnes qui consomment des drogues n’ont aucune certitude de ce qu’elles consomment», avertissent l’Institut national de santé publique du Québec et la Direction de santé publique dans un document publié cette semaine.
Parmi les substances jugées problématiques, la xylazine inquiète particulièrement. Elle a été détectée dans l’urine d’un peu plus de 1% des consommateurs ayant été testés de manière volontaire dans la province en 2023.
En mars 2022, les données du «Projet suprarégional d’analyse de drogues dans l’urine des personnes qui consomment au Québec» indiquaient que sur les 300 échantillons d’urine récoltés à Montréal durant l’automne 2022, 5% contenaient de la xylazine.
Ces chiffres ne représenteraient qu’une fraction des consommateurs exposés à la xylazine dans la province.
C'est quoi, la xylazine
Toujours intégrée aux autres substances à l’insu des consommateurs, souvent sous forme de poudre, la xylazine est un puissant tranquillisant vétérinaire qui peut donner des airs de mort-vivant aux consommateurs qui croisent son chemin.

Surnommé «tranq» ou «zombie drug» lorsque mélangé à des opioïdes comme le fentanyl ou l’héroïne, le médicament animal peut provoquer des plaies et éventuellement la mort des tissus cutanés chez l’humain. Ces symptômes peuvent mener à l’amputation s’ils ne sont pas traités rapidement.
La naloxone inefficace contre la xylazine, mais...
Si l’implantation de la xylazine au Québec inquiète, c’est surtout parce que la substance peut provoquer des déficiences respiratoires graves, en plus de nombreux problèmes cardiovasculaires.
Sa présence dans un mixte de substances déjà nocives, notamment le fentanyl, aggrave le risque de surdose.
Les 14 fois où la xylazine a officiellement été détectée dans l'organisme d'une personne au Québec en 2023, elle était mêlée à une douzaine d’autres substances en moyenne.

Plus inquiétant encore: 80 % de ces personnes avaient fait une surdose dans les six mois précédents.
L’autre enjeux, c’est que contrairement aux opioïdes, la naloxone ne permet pas de renverser les effets de la xylazine.
La Santé publique recommande quand même aux utilisateurs de se procurer une trousse de naloxone, puisqu’elle peut aider à combattre les actions des autres substances nocives présentes dans le mélange consommé.
Un problème d’approvisionnement
La coupe de drogue avec des produits dangereux représente une menace constante pour les consommateurs.
Comme les produits de coupe changent selon les substances disponibles et leurs coûts, les méthodes de prévention ou d’intervention accusent toujours un coup de retard.