Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

C’est quoi, ce charabia?

Gabo Champagne
Gabo Champagne Photo ACWC/ACC
Partager
Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-04-08T19:30:00Z
Partager

Les militants wokes sont en train de massacrer le français. Ulles/alles/ielles sont en train d’inventer une langue complètement déconnectée qui ressemble à de la bouillie pour les chats. 

Attention, vous risquez de vous faire pipi dessus en lisant ce qui suit.

KESSÉ ÇA?

Connaissez-vous Gabo Champagne?

Dans ses propres mots, «Gabo est un·e artiste transdisciplinaire vivant et travaillant à Tiohtiá:ke/Mooniyang (Montréal). iel a (co-) signé plusieurs créations à titre de compositeur·ice, acteur·ice-danseur·euse, instrumentiste, performer, metteur·e en scène, dramaturge, auteur·ice, concepteur·ice d’éclairage, concepteur·ice sonore et artiste vidéo».

Gabo est connu/connue pour ses œuvres R...v...rs...m oooiiiiii, Enne, eau, enne et Hui Heur Nuit.

Gabo est membre de la Ligue canadienne des compositeurs.

Mais comme le français est considéré comme une langue macho, patriarcale et rétrograde, Gabo a rédigé pour la Ligue un Guide d’écriture inclusive.

Première mise en garde: «Les néologismes neutres ne sont pas toujours évidents pour lae lecteurice moyenxe, parfois même pour les personnes queers.» En tant que lectrice moyenne, me voilà rassurée.

Au lieu de dire «nouveau/nouvelle», ce qui est beaucoup trop binaire, Gabo voudrait qu’on dise «nouvelleau», comme dans la phrase: «Cette personne est un·e nouvelleau compositaire canadienxe.» Car on ne dit plus «compositeur/compositrice», mais «compositaire».

Votre ami/amie a les cheveux orange? On ne dit plus «roux/rousse», c’est trop binaire. On dit plutôt: «Cét violoniste est rouxe.» Au lieu de «la/le», on devrait dire «lae».

Publicité

Mais pourquoi s’arrêter là? Dans le guide de Gabo (qui, je vous le rappelle, est un guide inclusif), on vous indique aussi comment nommer les membres de votre famille.

Au lieu de «frère/sœur», on doit dire «adelphe, frœur». Au lieu de «cousin/cousine», il faut dire «cousaine». Oubliez les mots «oncle/tante»! On les remplace par «toncle, tancle». On remplace «neveu/nièce» par «nevèce, niveu». Au lieu des vieux mots puants «père/mère», on dira plutôt: «Parent papa/maman: mapa, baba, dada.»

Et au lieu des expressions archaïques «parrain/marraine», Gabo recommande «marrain, parraine».

On pourrait donc assister bientôt, au lieu d’un concert du «compositeur de la musique du film Le parrain», à un concert du «compositaire de la musique du film Lae marrain».

Franchement! Je comprends qu’on veuille inclure les personnes non binaires et les personnes transgenres et les personnes agenres et les personnes qui ne reconnaissent pas la binarité des genres. Mais est-ce qu’on peut parler français, genre?

NOS ANFENTS

La Presse nous parlait la semaine dernière d’un rapport remis à Bernard Drainville en vue de sa réforme de l’enseignement du français. Dans cette analyse, on apprenait que 87% des enfants ont fait des erreurs dans l’épreuve ministérielle d’écriture de la sixième année du primaire.

Un éminent spécialiste interrogé par La Presse soulignait que «le fait de rédiger 300 mots représente beaucoup de pression pour un jeune âgé de 11 à 12 ans, surtout dans les quatre heures imparties pour l’épreuve». Quoi?

Quatre heures pour écrire 300 mots, ça fait 75 mots par heure! Et ça, c’est considéré comme «beaucoup de pression» pour nos petits enfants fragiles?

Si vous pensez que les enfants font des fautes avec le français actuel, imaginez quand ils vont devoir écrire: «Mae dada est un·e nouvelleau compositaire canadienxe.» 

  • Écoutez Sophie Durocher à QUB radio:

Publicité
Publicité