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C’est quoi, au juste, le plan idéal pour lutter contre l’itinérance à Montréal?

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Photo portrait de Alice  Fournier

Alice Fournier

2025-10-31T18:30:04Z
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Soraya Martinez Ferrada d’Ensemble Montréal promet d'encadrer les campements, alors que Luc Rabouin, de Projet Montréal, s’engage à sortir tout le monde de la rue d’ici 2030. Mais ce serait quoi, le vrai bon plan pour lutter contre l’itinérance à Montréal? On a demandé l’avis à trois expertes.

Le plan idéal selon Carolyne Grimard, professeure adjointe à l’École de travail social de l’Université de Montréal

«Il nous faut un chef d’orchestre, pas un top gun», insiste Carolyne Grimard, en référence à Valérie Plante qui avait imploré François Legault de nommer un ministre responsable de l'Itinérance.

Le secret, selon elle: une meilleure coordination entre le gouvernement, les municipalités, les organismes sur le terrain et le monde privé.

Ce qui manque le plus à l’heure actuelle: des options autres que les hébergements d’urgence. 

«Une fois qu’une personne a atteint son temps maximal dans un service d’hébergement ou que les refuges sont pleins, on fait face à un mur. Souvent, les personnes retournent dans la rue, parce qu'il n’y a pas assez de ressources pour la suite des choses», regrette-t-elle.

Le plan idéal selon Elisabeth Greissler, professeure à l’École de travail social de l’Université de Montréal

La première chose à faire, selon elle, c’est de s’asseoir avec les organismes et de «leur donner les ressources nécessaires».

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Il faut aussi faire de la prévention.

«Il faut sortir de cette idée de gestion de crise et avoir une vraie volonté politique de faire de l’itinérance une priorité constante. Il ne faut pas que ce soit un cycle d’intérêt quand le froid revient ou quand il y a deux ou trois seringues de trop», martèle-t-elle.

Elle propose de mieux protéger les logements pour qu'ils demeurent abordables et d’aider les familles et les aînés, qui sont de plus en plus nombreux dans la rue.

Elle insiste d’ailleurs: l’itinérance, ce n’est pas juste un enjeux de logement. Pour lutter efficacement, il faut agir en faisant travailler tous les acteurs du milieu «et créer une coordination forte entre les ministères et les municipalités».

Le plan idéal selon Julie Meunier, porte-parole du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal

«Le travail de prévention, c’est essentiel», affirme Julie Meunier.

Ce qu’il faut absolument: s’assurer que des bâtiments qui pourraient loger du monde ne soient pas laissés à l’abandon.

«On est à la recherche d’endroits adéquats, mais il y a des endroits qui l’étaient déjà, adéquats, avant qu’on ne les abandonne», souligne-t-elle.

Elle rêve aussi d’une meilleure coordination entre les acteurs et que la crise de l’itinérance cesse d’être «instrumentalisée».

«Il faut d’abord créer une alliance avec ceux qui sont sur le terrain et faire en sorte que le gouvernement s’implique davantage», lance-t-elle.

Elle favorise finalement une approche personnalisée, qui prend compte de l’histoire et de la réalité de chaque personne en situation d’itinérance.

L’itinérance en chiffres

50%

Montréal accueille plus de 50% de la population itinérante de toute la province.

2126

Le nombre de personnes en situation d’itinérance recensé l’hiver dernier à Montréal.

70

Au campement de la rue Notre-Dame, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, le nombre de tentes a plus que doublé depuis le mois de mai, passant d’une trentaine à près de 70 en octobre, selon le maire sortant de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais.

15%

Le nombre de personnes itinérantes hébergées au Québec a augmenté de 15% en deux ans entre 2022 et 2024.

8 à 10%

Le nombre de personnes en situation d’itinérance augmente de 8 à 10% chaque année à Québec, selon les CIUSSS.

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