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«C’est pas un métier pour une fille»: une compagnie de maçonnerie devra payer 38 000$ à une ex-employée

Les commentaires sexistes ont été dits sur le chantier de la ligne Deux-Montagnes du Réseau express métropolitain.
Les commentaires sexistes ont été dits sur le chantier de la ligne Deux-Montagnes du Réseau express métropolitain. MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
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Photo portrait de Camille Payant

Camille Payant

2025-05-26T23:00:00Z
2025-05-27T12:42:05Z
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Une entreprise de maçonnerie devra verser 38 000$ à une employée qui a reçu de nombreux commentaires sexistes d’un contremaître sur le chantier du REM, se faisant même dire que ce n’était pas un métier pour une fille et qu’elle devrait se réorienter vers la pose d’ongles.

«La plaignante a été contrainte de subir, à répétition, l’hostilité et l’animosité de M. Lebrun, qui l’a injuriée, insultée et traitée de manière injuste, ostentatoire et humiliante», s’est récemment indignée l’arbitre au Tribunal d’arbitrage des griefs du ministère du Travail Francine Lamy.

Le Tribunal a ainsi conclu que Sabrina Lauzon a subi du harcèlement psychologique à caractère sexiste et que son congédiement y était lié.

La briqueteuse-maçonne était la seule femme au sein de l’entreprise Maçonnerie Demers, située à Varennes, et une des rares à exercer ce métier. Selon un contremaître, elle est «une bonne travaillante, débrouillarde, qui cherche toujours du travail».

Mais son collègue Normand Lebrun était d’un avis contraire, plutôt «animé des préjugés et de l’hostilité à l’égard de la présence des femmes dans ce métier», a conclu l’arbitre Lamy.

«T’es pas capable, t’es pas bonne, t’es pas forte, c’est pas un métier pour une fille», criait-il à son employée.

Son emploi consistait à poser des blocs de 10 et 12 pouces au chantier du futur Réseau express métropolitain (REM) à Saint-Eustache, sur la Rive-Nord de Montréal, en 2022 et 2023.

Un électricien qui travaillait sur le même site a même entendu le contremaître Lebrun traiter l’employée de «pitoune».

Accusée à tort

Lorsqu’il y avait des problèmes, le contremaître Lebrun accusait Mme Lauzon à tort. Elle était confinée au nettoyage et au balayage de manière disproportionnée, pendant que des employés non qualifiés étaient affectés à la pose de blocs à sa place.

Le chef d’équipe lui aurait même suggéré de se réorienter vers des domaines tels la pose d’ongles ou la couture.

«Ces commentaires paternalistes sont une autre manière de convaincre la plaignante d’abandonner un métier qu’elle dit aimer beaucoup», a souligné l’arbitre Francine Lamy.

À bout, Sabrina Lauzon a finalement quitté le chantier en pleurant en février 2023. Elle a ensuite été congédiée.

Le Tribunal a ordonné à Maçonnerie M. Demers de réintégrer la briqueteuse-maçonne dans son poste. Mais comme elle ne souhaitait pas y retourner même si le contremaître n’y travaille plus, elle aura droit à une indemnité de 23 000$. Elle recevra également de son ancien employeur 15 000$ en dommages et intérêts.

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