«C’est miraculeux pour moi que mes chansons tiennent le coup avec le temps»: Serge Fiori revisite l’un de ses hymnes et remontera sur scène

Frédérique De Simone
Serge Fiori remontera sur scène à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin prochain, où il reprendra sa pièce Un musicien parmi tant d’autres en compagnie d’artistes issus des 11 nations autochtones du Québec.
Sur ce morceau, rebaptisé KWE! Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter et accessible sur les plateformes d’écoute en ligne depuis jeudi dernier, chaque artiste assure un couplet dans sa langue.
«Ça sonne bien en maudit», a indiqué Serge Fiori, complètement emballé par la réédition de sa chanson, lors d’une entrevue qu’il a accordée à l’Agence QMI.
«J’étais honoré qu’on me demande de participer à ce projet. Les dernières paroles de la chanson : “Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter. On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter”, ça ne pouvait pas mieux fiter. C’est comme si je l’avais écrite pour eux autres», a-t-il dit.

Parmi les musiciens qui ont pris part au projet, notons, entre autres, Mathieu McKenzie et Samuel Pinette, du groupe innu Maten, le rappeur mi’gmaq Quentin Condo, l’auteur-compositeur-interprète atikamekw Ivan Boivin-Flamand et l’artiste wendat Sandrine Masse Savard.
«C’est une des plus belles sessions que j’ai faites dans ma vie. On est tous tombés en amour. On a enregistré la chanson dans trois studios qu’on a branchés ensemble, et on a travaillé sur les pistes. Je suis descendu à Québec pour l’enregistrement des voix. Quand le projet s’est terminé, nous étions tous vraiment tristes», a souligné l’auteur-compositeur-interprète et membre fondateur du groupe Harmonium.
«J’ai écrit cette chanson à 18 ans. Le contexte était politique et social. J’ai pris comme exemple un musicien parmi tant d’autres qui décrit sa condition, qui n’a pas de moyens et tout le kit... Quand on la jouait en live, ça n’avait pas de sens: tout le monde la chantait à pleine voix», s’est-il souvenu.

«Je racontais mon histoire au nom de tout le monde. Ç’aurait pu être un ouvrier ou quelqu’un d’autre. C’est une chanson rassembleuse, mais qui n’est pas tout à fait joyeuse. Et tout le monde chantait ça comme si c’était du bonheur», a-t-il ajouté, encore ébahi de la réception de sa musique, toujours d’actualité, 50 ans plus tard.
«C’est miraculeux pour moi que mes chansons tiennent le coup avec le temps. C’est le plus beau cadeau que je puisse avoir. De voir que le monde trippe. Quand j’ai fait Harmonium symphonique, je suis débarqué sur la scène et le genre d’ovation que j’ai reçue, c’était une ovation d’amour. Ce n’était pas fake. C’est bien touchant, tout ça», s’est-il ému en entrevue avec l’Agence QMI.

Le musicien s’est dit aussi emballé à l’idée de remonter sur les planches après plusieurs années d’absence.
«Je suis très excité à l’idée de monter sur scène. D’avoir toute cette gang-là avec moi. [Je ne peux vraiment plus faire de spectacles]. J’ai une condition: je ne peux plus jouer de guitare. J’ai été très malade... Je pense qu’en tant qu’artiste, j’ai dit ce que j’avais à dire», a poursuivi le musicien.
Le fondateur d’Harmonium avait d’ailleurs fait une apparition scénique en 2023, à la place D’Youville, pour «tester» la chanson KWE! Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter, une fois de plus, à l’occasion de la Journée nationale des Premiers Peuples.

Violent Ground, de la nation naskapie de la communauté de Kawawachikamach, Édith Bélanger, de la nation wolastoqiyik wahsipekuk, et André Mowatt, de la nation anicinape abitibiwinni, ont aussi participé à l’enregistrement du titre, de même qu’Élise Boucher-DeGonzague (W8banaki), Juurini (Innuttitut), PaulStar (cri) et Skanaie:’a Deer (kanien’kehá:ka).
Un documentaire sur la création et l’enregistrement de la chanson sera présenté dans les prochaines semaines à Radio-Canada.
KWE! Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter est accessible sur les plateformes d’écoute en ligne.