«C’est l’été le plus dur qu’on a vécu»: les producteurs agricoles québécois en arrachent

Marianne Langlois et Clara Loiseau
Entre le verglas, le gel, les sécheresses et les pluies diluviennes, les producteurs agricoles du Québec jurent vivre un de leur pire été en carrière et redoutent que les conditions empirent dans les années à venir.
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«Depuis les deux dernières décennies, c’est la saison qui est la plus problématique [...] les récoltes sont catastrophiques», lance Patrice Léger-Bourgoin, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec.
Alors que les trois dernières années étaient difficiles à cause de la sécheresse, cette année, ce sont plutôt les orages violents consécutifs qui causent des maux de tête aux agriculteurs et maraîchers québécois en rendant le sol plus propice que jamais aux maladies fongiques.
«Tous les légumes racines, comme les carottes et les panais, c’est au moins 50% des champs qui sont perdus, parce que ça pourrit. Le sol n’a jamais le temps d’absorber toute l’eau», se désespère Patrick Rémillard, maraîcher et copropriétaire de la ferme Jacques et Diane, en Montérégie.

Dans le cas du Potager Mont-Rouge à Rougement, la saison des fraises n’a pas été bonne avec une perte de 40% des fruits.
«Personne ne peut dire que la récolte des fraises a bien été cette année [...] en plus, lorsque la température est mauvaise, les clients ne se déplacent pas», déplore Marielle Farley, la propriétaire du Potager.

L'agricultrice redoute déjà de perdre la moitié de sa récolte de tomates à cause de la pluie et 60% des pommes cet automne à cause des fleurs de pommiers brûlées par la chaleur.

Phénomène généralisé
Selon l’UPA, les deux régions les plus touchées par les facteurs climatiques sont la Montérégie et Lanaudière, mais aucun producteur n’a été épargné à travers la province.
«Semaine après semaine, on pense que ça va se replacer, mais cette année, ça n’arrête pas et ça nous inquiète beaucoup. Même les productions d’automne sont à haut risque de perte», lance Jean-François Marcoux, propriétaire de Légumier Marcoux à Lévis.
- Écoutez l'entrevue avec Michel Sauriol, président à l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio :
Après plus de 30 ans à travailler dans l’industrie, l’agriculteur de 47 ans songe même à quitter le domaine agricole si la situation ne s’améliore pas dans les prochaines années.
«J’ai 30 types de légumes différents dans l’ensemble des cultures que j’ai ici et on tente de contrôler les maladies bactériennes et fongiques. Peu importe la culture, on a des maladies», déplore-t-il.
Pour parler de cet enjeu, l’UPA tiendra un point de presse en Montérégie vendredi matin afin d’aborder «la fréquence et l’intensité des anomalies météorologiques des derniers mois». Selon l’Association des producteurs maraîchers du Québec, une centaine d’agriculteurs devraient participer.
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