«C’est la pointe de l’iceberg» : ses rapports d’inspection disparaissent
Amélie St-Yves
Une trentaine de courtiers immobiliers ont été trouvés coupables d’avoir délibérément caché des rapports d’inspection depuis janvier 2020, selon ce qu’a révélé la Presse.
Un inspecteur de Saint-Boniface croit que dans les faits, la réalité est encore pire.
«C’est la pointe de l’iceberg», laisse tomber l’inspecteur en bâtiment depuis neuf ans, Jean-Philippe Pelletier.
Il affirme avoir conscience que chaque mois, certains de ses rapports semblent s’être volatilisés.
«Je reçois un appel, donc la personne me dit qu’elle aimerait avoir une inspection. Je demande l’adresse du bâtiment. Je recherche le bâtiment, et je me rends compte que je l’ai inspecté dans les derniers temps», raconte-t-il.
Saisies d’écran à l’appui, il demande à un client si le courtier a rouspété quand il a retiré son offre d’achat.
Le client répond : «Non, il n’a même pas voulu le rapport».
Selon l’inspecteur, la raison est bien simple. Si un courtier a un rapport antérieur en main, il doit le rendre disponible à des acheteurs potentiels.
Mais il ne peut pas rendre disponible ce qu’il n’a pas.
«Aucun registre central, aucune banque de documents. Tout ne tient qu’à la bonne foi du courtier», dit-il.
Autres raisons
Il faut quand même rester prudent avant de jeter l’ensemble du blâme aux courtiers.
Le rapport d’inspection appartient à la personne qui l’ordonne. Un vendeur ou un acheteur peut très bien le garder pour soit sans en aviser le courtier.
«C’est le genre d’information que le courtier doit demander. (...) Évidemment, un vendeur doit être transparent», souligne, le vice-président aux communications pour l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), Louis Beauchamp.
«Le rapport d’inspection appartient à l’acheteur. Si lui ne le divulgue pas au vendeur, le vendeur n’a aucun recours», ajoute le vice-président de la Chambre immobilière de l’Estrice-Mauricie, Centre-du-Québec, Hassan Chellah.
De 25 % à 30 % des bâtiments seraient toujours vendus sans inspection au Québec.
Comme quoi, le sentiment d’urgence provoqué par une surchauffe immobilière pendant la pandémie s’est peut-être légèrement estompé, mais il est encore présent.
Voyez les explications complètes dans la vidéo ci-dessus