La fin pour la patinoire du Vieux-Port de Montréal ouverte depuis 1992
Pas de 34e saison pour cette attraction du bassin Bonsecours


Julien McEvoy
La patinoire qui accueille touristes et locaux depuis 1992 dans le Vieux-Montréal ne connaîtra pas de 34e saison puisque son propriétaire se retire.
«Nos structures sont vieillissantes, la performance est de plus en plus difficile», a indiqué au Journal le directeur du Vieux-Port, Benoît Renaud, en janvier.
Son organisme relève du fédéral et de sa Société immobilière du Canada (SIC), propriétaire des lieux.
«On n’a plus le choix, à Montréal. Pour justifier les investissements et les dépenses, il faut que la patinoire soit réfrigérée», a-t-il dit. La SIQ a jugé que sa patinoire aménagée en décembre 1992 dans le bassin Bonsecours aurait coûté trop cher à mettre à niveau.
Le Vieux-Port ouvrait souvent une section de glace naturelle à l’extérieur du périmètre pour doubler la surface à patiner, mais tout sera terminé dans quatre jours.
Fini, le patin avec vue sur les édifices du 18e siècle du Vieux.
19 mises à pied
Les 15 employés de la patinoire qui perdent leur boulot l’ont appris il y a un mois. La majorité est des étudiants qui auront du mal à se replacer dans l’entreprise.
«Le 9 mars est leur dernière journée», a indiqué au Journal, mercredi, le président du syndicat du Vieux-Port de Montréal, Mouhssine Mhaji.
Après 33 saisons, la patinoire fermera ses portes pour de bon, comme le casse-croûte du cinéma IMAX, au Centre des sciences de Montréal, dont la fin des activités entraîne quatre autres mises à pied par la Société du Vieux-Port de Montréal.
Mouhssine Mhaji représentera 19 employés de moins, dimanche prochain, alors que le nombre de membres est passé de 250 à 200 en moins d’un an.
Le gardien de sécurité de métier travaille pour le Vieux-Port depuis 26 ans. Il est consterné de voir que la place est devenue trop chère à fréquenter pour les Montréalais de toutes les classes sociales.
«Le Vieux-Port, c’est une vache à lait pour qui? Ils vont faire quoi avec l’espace de la patinoire? Leur vision, c’est de le privatiser? De le louer? Y’a un locataire qui a l’œil dessus?» demande-t-il.
Pourquoi?
La Société du Vieux-Port de Montréal ne prend pas de décision rapidement, ça, le président du syndicat peut en témoigner. Alors pourquoi ferme-t-elle la patinoire?
Deux choses sont certaines: la fréquentation a chuté depuis 2020 et le système de réfrigération ne fonctionne plus depuis trois ans, ce qui oblige le Vieux-Port à louer de la machinerie.
«La patinoire n’était pas dans leur vision. On dirait qu’ils veulent privatiser chaque mètre carré d’accès à l’eau des Montréalais», offre Mouhssine Mhaji.
La réaction du Vieux-Port
La Société du Vieux-Port de Montréal a réagi par courriel en fin de journée, mercredi. Voici ce que sa porte-parole Flore Bouchon avait à dire:
«C’est une décision difficile que le Vieux-Port prend. Elle résulte de plusieurs facteurs, notamment des considérations financières et environnementales liées à l’entretien et à la viabilité de l’activité.
«Nos infrastructures, qui ont 32 ans, ont été conçues pour un climat différent et peinent à s’adapter aux conditions météorologiques extrêmes actuelles. Les variations rapides de température, du gel au dégel, mettent à rude épreuve nos équipements, rendant le maintien d’une surface glacée de qualité très difficile.
«Malgré les investissements réalisés pour la réparer, les infrastructures construites en 1992 arrivent en fin de vie.
«Nous restons positifs à développer une offre hivernale qui sera alternative, nous n’avons rien à annoncer aujourd’hui, mais c’est quelque chose sur lequel les équipes travaillent. Nous restons toujours à l’écoute de projets commerciaux visant à rehausser l’offre récréotouristique hivernale du Vieux-Port.»