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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

«C’est injuste de sortir la bombe atomique»: ce pharmacien qui a touché des millions en s’associant à McKesson conteste sa radiation

Michael Assaraf estime que la radiation imposée par le conseil de discipline est déraisonnable

Éric Yvan Lemay, JdeM
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Photo portrait de Éric Yvan Lemay

Éric Yvan Lemay

2025-06-07T04:00:00Z
2025-06-07T18:52:14Z
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Un pharmacien qui a fait des millions en chiffres d’affaires en s’associant au géant pharmaceutique McKesson pour distribuer de coûteux médicaments conteste sa radiation.

• À lire aussi: Deux pharmaciens accusés par leur ordre professionnel mordent la poussière

Michael Assaraf a été condamné à 12 mois de radiation après avoir plaidé coupable à huit chefs d’infraction devant le conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec. On lui reprochait notamment d’avoir obtenu illégalement des patients par le biais d’intermédiaires et de ne pas avoir créé de dossier pour chaque patient à qui il a vendu des médicaments.

Le pharmacien montréalais fait partie d’un groupe de pharmaciens visés par une plainte de l’assureur Beneva au Bureau de la concurrence du Canada. Les huit pharmaciens se seraient accaparé la majeure partie du marché des médicaments de spécialité.

Le pharmacien (à l’arrière avec les lunettes) entouré de l’équipe qui le représentait en Cour supérieure du Québec.
Le pharmacien (à l’arrière avec les lunettes) entouré de l’équipe qui le représentait en Cour supérieure du Québec. Éric Yvan Lemay, JdeM

Plus tôt cette semaine, Michael Assaraf s’est présenté devant la Cour supérieure pour contester sa radiation qui avait été maintenue en appel devant le Tribunal des professions.

«C’est injuste de sortir la bombe atomique contre Mr Assaraf», a plaidé son avocat, Me Claude Marseille.

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Un système bien rodé

Ce dernier soutient que son client n’est pas un danger pour le public comme l’a conclu le conseil de discipline de l’Ordre en 2020.

Entre 2011 et 2019, le pharmacien avait mis en place un système de distribution pour les médicaments Lucentis et Eylea utilisés pour traiter la dégénérescence maculaire. Pour ce faire, il avait signé une entente avec le programme de soutien aux patients de McKesson.

Capture d'écran
Capture d'écran

Il fournissait des réfrigérateurs à une trentaine de cliniques d’ophtalmologie où les injections étaient effectuées. Une fois le traitement administré, les informations sur le patient étaient transmises au pharmacien et une fiole supplémentaire était envoyée en clinique pour remplir le réfrigérateur.

Or, cette façon de faire mettait à risque les patients, selon l’avocat Philippe Frère qui représente la syndique de l’Ordre.

«Il y a eu une cinquantaine de signalements de réfrigérateurs défectueux à travers les années», a-t-il indiqué.

Selon lui, comme les médicaments n’étaient pas dans son officine, il ne pouvait avoir un contrôle en tout temps pour s’assurer du maintien de la chaîne de froid, essentiel à la conservation.

Il risque gros

Devant le juge, il a indiqué que durant les huit ans qu’a duré ce système, Assaraf a pu toucher des bénéfices de plusieurs millions de dollars.

Le pharmacien aurait également repris des doses inutilisées dans certaines cliniques pour les redistribuer ailleurs, une pratique interdite par le code de déontologie.

Me Marseille a plaidé que les médicaments étaient sous clé et sous la responsabilité des ophtalmologistes.

Michael Assaraf a mis fin à son système de consignation dans les cliniques en 2019, quelques mois après le dépôt des plaintes disciplinaires.

Les enjeux sont grands pour lui puisque s’il est radié, il devra se départir de sa pharmacie, qui fournit des médicaments à des milliers de patients un peu partout au Québec.

Les locaux de la pharmacie de Michael Assaraf à Montréal
Les locaux de la pharmacie de Michael Assaraf à Montréal Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal

Une sanction jugée trop sévère par son avocat, qui plaide plutôt pour des amendes allant jusqu’à 50 000$.

«On a déjà coupé le bras gangréné et maintenant on va exécuter le patient», dit-il.

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