«C’est inadmissible»: le ministre du Travail Jean Boulet furieux contre le «vol de temps» à l’Inter
Des représentants syndicaux ont été obligés de rénover les propriétés de leurs patrons sur leurs heures de travail

Sarah-Maude Lefebvre
Le ministre du Travail Jean Boulet juge «totalement répréhensible» le fait que des représentants syndicaux de l’Inter ont été obligés de rénover les propriétés de leurs patrons sur leurs heures de travail. Il demande que la lumière soit faite sur l’utilisation des cotisations des travailleurs par les syndicats de la construction.
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«Que des cotisations aient pu être utilisées pour d’autres raisons que le bénéfice des syndiqués, c’est inadmissible. [...] Ça m’irrite», a blâmé le ministre Boulet en entrevue.
«Les cotisations syndicales doivent servir à de la formation, de la représentation et de la négociation. Ça ne doit pas servir à d’autres fins», a insisté ce dernier.
Notre Bureau d’enquête a dévoilé que des représentants syndicaux du local 62 du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (Inter) ont été obligés de rénover la maison de leurs patrons sur leurs heures de travail pendant des années.
Des pratiques que la juge administrative Mylène Alder a assimilées à du «vol de temps». L’Inter, qui est la troisième centrale syndicale en importance dans le secteur de la construction au Québec, a depuis ouvert une enquête.

Revoir les règles
Nous avons aussi révélé il y a quelques mois que des dirigeants de la FTQ-Construction avaient fait plusieurs dépenses, dont de l’alcool et des sorties coûteuses au restaurant, à même les cotisations des travailleurs.
Ces deux cas pourraient amener Québec à revoir les règles entourant la gestion des cotisations syndicales, a affirmé le ministre Boulet, qui dit avoir entamé une «réflexion» à ce sujet. Actuellement, le gouvernement ne peut pas intervenir dans la gestion des cotisations syndicales ni mettre un syndicat sous tutelle.
«Dans le cas de la FTQ-Construction, c’étaient des dépenses exorbitantes. Dans le cas ici présent, ça sert à des pratiques totalement répréhensibles, soit faire des travaux sur les heures de travail. Ça nous amène à réfléchir à d’autres façons de mieux contrôler l’utilisation des cotisations syndicales pour que ça demeure au bénéfice des syndiqués, qui payent ces cotisations afin d’être bien représentés», a expliqué M. Boulet.
Ce dernier a déposé en avril dernier le projet de loi 101 pour obliger les syndicats à faire vérifier leurs états financiers et à en dévoiler les détails en assemblée générale annuelle, afin de favoriser la transparence et éviter les abus potentiels.
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