«C’est graduellement revenu comme avant. Il y a encore beaucoup d’itinérance»: le flânage est de nouveau permis dans le métro


Anouk Lebel
Les personnes sans domicile fixe ou les flâneurs peuvent de nouveau dormir et errer dans le métro après une interdiction de le faire qui a duré un mois et demi et qui n’a pas réglé le problème.
«Les premiers jours, c’était le jour et la nuit, mais c’est graduellement revenu comme avant. Il y a encore beaucoup d’itinérance», constate Richard Raad, le gérant d’un café à l’intérieur de la station Berri-UQAM.
«C’est une des pires années qu’on a vues», ajoute celui qui travaille dans le métro depuis dix ans.
Il voit régulièrement des itinérants quêter auprès des clients et dormir sur les tables.
À la mi-mars, la Société de transport de Montréal (STM) a mis en place une «obligation de circuler», une interdiction de flânage qui a pris fin mercredi.
Bancs condamnés
Neuf stations ont été réaménagées, comme la station Bonaventure, sur la ligne orange.
Les bancs ont été condamnés pour empêcher les gens de s’étendre et une cloison a aussi été installée pour bloquer l’accès à une voûte où certains avaient l’habitude de quêter.

Cela n’a pas empêché un consommateur de drogue d’errer près des guichets, a pu constater Le Journal sur l’heure du midi jeudi.
«Ça n’a rien à voir avec avant. Il y avait du monde qui dormait, urinait et déféquait dans les escaliers», a toutefois souligné Jean-François Cardinal, qui prend le métro tous les jours pour se rendre à la Place Bell.
«Il fait beau, c’est moins pire, mais c’est sûr que ça va recommencer si on les laisse rentrer l’hiver prochain», croit-il.

Il souligne par ailleurs que les mesures antiflânage ont poussé les itinérants dehors, autour de la station.
En détresse
«Plusieurs personnes sont venues nous voir dans un état de détresse. S’ils étaient dans le métro, c’est qu’ils ne pouvaient pas aller ailleurs», explique Andrew Marrocco, directeur général de La Mission St-Micheal, une halte-chaleur de 60 places en face de la station Bonaventure.
Il ajoute que d’autres ont «disparu».
«On ne sait pas où elles sont passées. On les a repoussées encore plus loin. C’est encore plus difficile de les rejoindre et de les réintégrer à la société», mentionne-t-il.
La STM a décliné notre demande d’entrevue.
«Nous prendrons le temps de faire le bilan en fonction des données que nous collectons présentement et présenterons notre analyse dans les prochaines semaines», a indiqué par courriel la porte-parole Laurence Houde-Roy.
Elle n’a pas précisé si l’interdiction de flâner serait de nouveau en vigueur l’hiver prochain.