«C’est extrêmement préoccupant»: des experts s'inquiètent des populaires «Super Patch» qui soi-disant guérissent tout
Des Québécois se procurent des patchs pour guérir plusieurs problèmes de santé

Héloïse Archambault
Perte de poids, insomnie, douleur, anxiété: de nombreux de Québécois vantent les mérites des «Super Patch» pour guérir une panoplie de maux sur les réseaux sociaux, des timbres fortement déconseillés par plusieurs experts préoccupés.
«Ma conjointe essaye la patch ignite depuis 4 jours et elle a perdu 4 livres en faisant son quotidien normal. Elle est très encouragée.»
«J’ai découvert un produit qui m’aide déjà avec mon anxiété, je me sens déjà plus calme et mon hamster tourne déjà moins. En seulement six heures. Une nouvelle évolution, sans médicaments, sans effets secondaires.»
- Écoutez l'entrevue avec Benoît Heppell, médecin de famille au micro d’Alexandre Dubé via QUB :
Même pour les enfants?
Voilà deux exemples de témoignages récents que l’on retrouve sur les réseaux sociaux en lien avec les «Super Patch», un produit facile à commander en ligne d’une compagnie basée en Floride. Au total, 12 timbres colorés avec des noms tels «Liberty», «Victory» ou «Joy» sont proposés pour régler toutes sortes de problèmes.

«C’est extrêmement préoccupant, réagit Jean-François Desgagnés, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec. Il y a un grand risque que les gens décident d’arrêter un traitement.»

Dans une vidéo diffusée sur Facebook, une dame québécoise âgée qui a des douleurs au bras réussit à le lever au-dessus de sa tête simplement après avoir mis un timbre, prétend-elle.
Des parents québécois ont même témoigné y avoir recours pour aider leur enfant à se concentrer à l’école. Un autre soulignait que le timbre remplaçait sa machine pour son apnée du sommeil. Beaucoup d’influenceurs en font aussi la promotion sur les réseaux sociaux.

Ce produit n’est pas homologué par Santé Canada, qui déconseille son utilisation.
Pour un utilisateur régulier, la facture peut vite grimper: 28 patchs coûtent 60$. Chaque dose dure 24 heures et il est possible d’utiliser deux à trois timbres en même temps, lit-on.
Toujours selon le site de vente en ligne, les «Super Patch» sont basés sur la «stimulation vibrotactile». La technologie comporte des «stries disposées de manière unique qui ressemblent à un code QR. Lorsque ces stries touchent notre peau, nos cellules transmettent des signaux uniques qui interagissent avec le système nerveux de notre corps».
- Écoutez l'entrevue avec Jean-François Desgagné, président de l’Ordre des Pharmaciens du Québec, à l’émission de Sophie Durocher via QUB :
«Les produits miracles pour garantir la perte de poids ou le bien-être, ça n’existe pas, rappelle Marie-Jeanne Rossier-Bisaillon, nutritionniste au Collectif vital. Il n’y a aucune donnée probante qui démontre que ce produit-là permet d’améliorer la santé ou le bien-être.»
D’ailleurs, plusieurs Québécois ont commenté que les timbres n’avaient pas fonctionné pour leur perte de poids.
Quels ingrédients?
Selon le site, les patchs sont «100% naturels» et ont été «testés cliniquement». Or, la compagnie ne précise pas quels ingrédients ses produits contiennent.

De plus, dans le bas du site, il est indiqué que l’efficacité des produits n’a pas été confirmée par le biais d’études approuvées par la Food and Drug Administration aux États-Unis (équivalent de Santé Canada). On ajoute aussi que le produit n’est pas destiné à guérir ou prévenir une maladie. De son côté, le Collège des médecins du Québec se dit aussi préoccupé.
«En cas de problème, consultez plutôt un professionnel de la santé au lieu d’utiliser des produits onéreux dont on ignore leurs conséquences sur le corps», écrit-on par courriel.
Par ailleurs, M. Desgagnés admet que le principe de l’effet placebo peut expliquer que des gens se sentent mieux avec le timbre. Selon lui, il est clair que la législation entourant la publicité de ces produits doit être mieux encadrée.
«On serait dû pour avoir une prise de conscience dans un principe de protection de la population», dit-il.
Santé canada précise aussi que les timbres vibrotactiles sans médicament tels que «Super Patch» pourraient être règlementés comme des instruments médicaux de classe 1. Or, la compagnie ne détient pas de licence, qui est nécessaire pour la vente.