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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

«C’est devenu un aliment de tous les jours»: les fabricants de tofu québécois ont le vent dans les voiles

Les usines ont récemment été agrandies et la production va augmenter ces prochaines années

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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2025-07-01T04:00:00Z
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Les Québécois mangent moins de viande pour économiser, révèle un nouveau sondage exclusif. Les steaks de bœuf seront un luxe sur le BBQ cet été. Plusieurs familles adoptent désormais le tofu et d’autres protéines à bon prix.


Projets d’agrandissement et production à la hausse, les fabricants de tofu font des affaires d’or avec l’appétit grandissant des Québécois pour cette protéine végétale.

«C’est devenu un aliment de tous les jours», remarque le copropriétaire d’Unisoya, en Montérégie, Mathieu Beaulieu.

L’entreprise familiale de 35 employés, fondée par son père il y a près de 40 ans, compte tripler sa production de cinq millions de livres de tofu par an ces prochaines années. Toute la fabrication a déménagé en 2020 dans une nouvelle usine pour le permettre.

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

Le tofu est passé d’un aliment réservé «aux végétariens purs et durs» dans les années 1980 à une protéine prisée par de nombreux carnivores aujourd’hui.

Dans sa cuisine

Pour sa part, le fondateur de Soyarie en Outaouais, Koichi Watanabe, se souvient de ses premiers blocs de tofu fabriqués dans sa cuisine en 1979.

«À l’époque, le tofu flottait seulement dans les soupes des restaurants asiatiques», rigole-t-il.

Aujourd’hui, son usine fabrique 10 500 blocs de tofu par jour et elle compte doubler ce nombre dans les années à venir.

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«La demande a explosé il y a 4 ou 5 ans», dit-il, d’où leur déménagement dans un espace de production plus grand et l’ajout prochain d’une troisième ligne de production.

Aussi des défis

La popularité du tofu amène aussi son lot de défis, selon Mathieu Beaulieu.

«Il a fallu adapter toute notre production, et des fabricants de machines à tofu, il n’y en a pas à tous les coins de rue», soutient-il, expliquant avoir dû développer leurs propres façons de faire.

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

Ce dernier se réjouit de voir une saine croissance des ventes de 4 à 5 % d’augmentation par année, avec quelques pointes plus marquées, sans de vastes efforts de marketing.

Le prix du bœuf a gonflé de 70% sur 10 ans

Le prix du bœuf a augmenté de 70% de 2013 à 2023 au Québec, selon le dernier Bottin produit en 2024 par le MAPAQ sur la consommation et la distribution alimentaires.

Le bœuf, frais ou congelé, est de loin l’aliment ayant vu la plus haute variation de prix sur 10 ans, devant le poisson et le beurre. De 2019 à 2023 seulement, le prix du bœuf a bondi de 32%.

En général, le prix de la viande a augmenté de 55% de 2013 à 2023.

Au cours des 10 dernières années, la croissance des prix alimentaires en magasin (+33 %) et au restaurant (+43%) a été supérieure à celle des prix de l’ensemble des biens et services achetés au Québec (24%).

Source: Le Bottin: consommation et distribution alimentaires 2024, Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)

Le bœuf est de plus en plus boudé

Les consommateurs boudent de plus en plus le bœuf selon Statistique Canada, qui calcule une baisse de 43% depuis 20 ans.

De 2003 à 2023, la consommation de bœuf par habitant au pays est passé de 23,23 kg à 16,23 kg, une baisse de 43%. Il s’agit du poids de détail de la viande, soit l’équivalent de ce qui est comestible.

Pour la même période, la consommation de porc a seulement chuté de 2 kg et elle dépasse aujourd’hui celle du bœuf (17,38 kg en 2023).

La consommation de poulet, seulement disponible en poids abattu, a augmenté de près de 15%, passant de 30 kg à un peu plus de 35 kg.

Source: Statistique Canada

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