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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

«C’est deux, voire trois fois mon salaire à l’heure!»: ils doivent payer pour aller au travail pendant la grève à la STM

Le prix de certaines courses allait jusqu’à près de 75$ juste après l’arrêt de l’autobus et du métro

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Photo portrait de Anouk Lebel

Anouk Lebel

2025-06-10T21:35:29Z
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Des usagers du métro à bout de ressources ont dû se résoudre à payer des dizaines de dollars en Uber pour aller travailler à cause de la grève des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM).

«Ça va me coûter 35$ d’Uber, c’est fou», a lancé Angeles Delgado, mardi matin.

Elle venait de manquer de justesse le dernier passage du métro à la station Rosemont et elle devait se rendre près du métro Sherbrooke, seulement deux stations plus loin, où elle travaille comme préposée auprès des personnes âgées.

«Il n’y a plus d’autobus, pas de métro, je ne vois pas ce que je peux faire d’autre», a laissé tomber la travailleuse de la santé, découragée.

Pour une deuxième journée de suite, il n’y avait aucun service en dehors des heures de pointe en raison de la grève des quelque 2400 employés d’entretien de la STM.

Jusqu’à 75$ la course

De son côté, Vivian Eneanya a dû appeler en panique ses supérieurs devant les portes closes du métro Rosemont.

À 9h40, l’option la moins chère pour aller travailler près du métro Henri-Bourassa avec l’application Uber était de 48,23$ pour partager une course.

«Ça va jusqu’à 74,80$. C’est deux, voire trois fois mon salaire à l’heure», s’est indignée la préposée dans le milieu de la santé en montrant les options disponibles sur son téléphone.

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Devant la station de métro Saint-Michel, Glaieulle Sada a préféré attendre plus de deux heures le prochain passage, prévu à 14h45, plutôt que de revivre son expérience de la veille. Elle en a profité pour tricoter. 

À la station de métro Saint-Michel, Glaieulle Sada tricotait en attendant le prochain passage.
À la station de métro Saint-Michel, Glaieulle Sada tricotait en attendant le prochain passage. Photo Anouk Lebel

Lundi, aller travailler une journée en Uber lui a coûté presque l’équivalent d’une passe mensuelle de la STM à 100$.

«Ça m’a coûté 50$ le matin pour me rendre et 30$ pour rentrer chez moi», a détaillé la jeune stagiaire, qui habite près du métro Henri-Bourassa.

Elle n’est pas rémunérée pour son stage, qui commence à 6h30 le matin... à la même heure que reprend le service de métro pendant la grève.

Vulnérables

Fouad Allam, agent administratif dans un CHSLD de l’est de Montréal, a emprunté la voiture très usée d’un ami pour faire le trajet quotidien de 20 kilomètres à partir de son logement du nord de l’île.

«J’ai dû faire des ajustements sur la voiture, dont un changement d’huile. Avec l’essence, ça va me coûter 300$. Avec 300$, je peux manger pour un mois», a expliqué le Montréalais, qui travaille de midi à 20h, en plein dans les périodes sans service.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Des perturbations liées à la grève sont à prévoir jusqu’au 17 juin, sauf pendant le Grand Prix, les 13, 14 et 15 juin.

Le groupe Trajectoire Québec presse le syndicat et la STM d’en arriver le plus rapidement possible à une entente.

«Il y a beaucoup de personnes qui n’ont pas les moyens de se payer un taxi et qui n’ont pas la forme physique pour se déplacer à vélo. On aurait voulu plus de service et pas seulement pendant la Formule 1», a souligné Philippe Jacques, porte-parole de ce groupe de défense des droits des usagers du transport en commun.

– Avec Olivier Faucher

Des usagers exaspérés

Il annule sa rencontre de maîtrise
Simon-Luc Laporte
Simon-Luc Laporte PHOTO OLIVIER FAUCHER

Simon-Luc Laporte, étudiant et chercheur en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, s’est résigné à rebrousser chemin vers son domicile de Joliette, dans Lanaudière, lorsqu’il a constaté qu’il ne pourrait pas prendre le métro pour aller à sa rencontre de projet de maîtrise à l’université depuis la station Honoré-Beaugrand, sur l’heure du midi.

«J’aurais pensé que c’était matin, midi et soir [les heures de service essentiel]», a-t-il mentionné.

«Aller à Berri-UQAM en voiture avec la construction et le stationnement, c’est impossible! Je soutiens les travailleurs de la STM, mais est-ce qu’il y a d’autres moyens de pression? C’est une question que je me pose. Je fais l’effort de laisser ma voiture à l’extérieur du centre-ville et je suis pénalisé», a poursuivi l’homme, avant de repartir bredouille.

– Olivier Faucher, Journal de Montréal

Pas le choix de s’armer de patience
Tep Chan
Tep Chan Photo Louis-Philippe Messier

Tep Chan, qui étudie pour être assistant technique en pharmacie, a décidé de s’armer de patience pour rentrer chez lui, à Laval.

«J’ai fini mes cours à l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal à midi et depuis ce temps, j’attends la réouverture du métro...», a confié l’homme de 69 ans rencontré devant les portes closes du métro Frontenac, mardi.

«Demain, ce sera la même situation... Je vais devoir m’armer de patience», a ajouté celui qui a passé presque trois heures dans un abribus lundi.

– Louis-Philippe Messier, Journal de Montréal

Marcher ou attendre?
Sunny Daraîche
Sunny Daraîche Photo Louis-Philippe Messier

Après s’être cogné le nez à la porte de la station Frontenac mardi, Sunny Daraîche hésitait entre attendre ou marcher jusque chez lui.

«Je suis allé voir un ami à Montréal et je dois rentrer à Longueuil, où j’habite près du pont... alors je vais peut-être y aller à pied», a raconté en soupirant l’homme de 34 ans.

Il estime que le temps pour retourner chez lui en traversant le pont à la marche prendrait plus d’une heure, soit à peu près le temps d’attente avant la reprise du service.

– Louis-Philippe Messier, Journal de Montréal

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