«C’est catastrophique»: année record pour les signaleurs tués au travail
Ce ne sont pas des automobilistes, mais des véhicules lourds faisant marche arrière qui ont causé les décès de 2025

Olivier Faucher
Un nombre jamais vu de signaleurs routiers décédés sur les chantiers et les routes au Québec cette année pousse une association à réclamer une meilleure éducation.
«On a un problème de formation qui n’a aucun sens. Un enfant de 10 ans pourrait la réussir», dénonce Éric Laflamme, président de l’Association des installateurs et signaleurs du Québec.
Jeudi dernier, la signaleuse Annie Jobin a été tuée par un véhicule de machinerie qui circulait en marche arrière sur son lieu de travail, à Saint-Calixte, dans Lanaudière, sur la route 335.

La signaleuse routière de 48 ans des Laurentides est la quatrième à perdre la vie sur un chantier en 2025.
Selon un décompte de l’Association, jamais un bilan aussi élevé n’avait été enregistré en une seule année depuis qu’elle a commencé à comptabiliser les décès en 2008. Et nous ne sommes qu’en juillet.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Annie Jobin est ainsi devenue la 26e signaleuse à mourir au travail depuis 2008.

La dangereuse machinerie
Le principal risque que couraient les signaleurs auparavant se situait dans les comportements des usagers de la route. Or, ce n’est plus vrai aujourd’hui, selon M. Laflamme.

«Depuis les deux dernières années, c’est catastrophique les accidents qui sont causés par de la machinerie en chantier», constate-t-il.
Les six derniers décès de signaleurs survenus au Québec sont attribuables à de la machinerie ou des véhicules lourds sur un chantier.
Selon M. Laflamme, les signaleurs ne sont pas suffisamment formés pour faire face aux dangers autour d’eux.
«C’est une formation virtuelle de trois heures maximum, un examen d’environ 10 minutes et tu as ta carte de signaleur et tu es lancé dans la rue, mais dans le fond tu ne connais rien», dit-il.
Pour «sauver des vies»
Il réclame ainsi des formations obligatoires poussées et effectuées en personne, axées spécifiquement sur la prévention des accidents de travail.
Il demande aussi au gouvernement d’obliger les employeurs à installer sur les véhicules lourds de la technologie permettant de détecter la présence humaine pour «sauver des vies».
Les quatre signaleurs morts au Québec en 2025
Souleymane Diaby
Décédé le 24 février dernier, à 45 ans, à Gatineau, sur le boulevard La Vérendrye, après avoir été heurté par une déneigeuse qui reculait.

Mario Ross
Décédé le 4 avril dernier, à 63 ans, à Drummondville, sur le boulevard René-Lévesque, après avoir été frappé par un semi-remorque qui reculait.

Manon Proulx
Décédée le 21 mai dernier, à 66 ans, à Saint-Jérôme, sur la rue Gauthier, après avoir été heurtée par une tractopelle qui faisait marche arrière.

Annie Jobin
Décédée le 17 juillet dernier, à 48 ans, à Saint-Calixte, sur la route 335, après avoir été happée par une niveleuse qui reculait.
